L’AzVision présente en citant l'Azertac la lettre dans son intégralité :

M. Ian Borg, Président en exercice de l'OSCE,

M. Alain Berset, Secrétaire Général du Conseil de l'Europe,

Nous, représentants de la société civile azerbaïdjanaise, nous adressons à vous concernant le fait que des centaines de milliers d’Azerbaïdjanais, qui ont été expulsés de leurs terres et foyers historiques en Arménie il y a 36 ans et sont devenus réfugiés, sont toujours incapables de retourner à Erevan, Goïtcha et d’autres lieux historiques en Azerbaïdjan occidental.

L'Arménie, où les Azerbaïdjanais ont historiquement vécu, a mené une campagne systématique visant à effacer le patrimoine matériel et culturel des Azerbaïdjanais. Cette destruction délibérée dure depuis des décennies. C'est avec le cœur lourd que nous constatons qu'aujourd'hui, un seul des 269 mosquées enregistrées en 1870 sur le territoire de l'Arménie a survécu. De plus, des centaines de cimetières appartenant aux Azerbaïdjanais ont été systématiquement détruits.

Erevan, l’actuelle capitale de la République d’Arménie, était autrefois divisée en arrondissements de Cheher, Demirboulag et Tépébachi. Les Azerbaïdjanais ont vécu dans ces zones depuis la fondation de la ville jusqu’à la fin du XXe siècle. L’arrondissement de Tépébachi, construit et habité par des Azerbaïdjanais, a ensuite été renommé Kond. Cet arrondissement est l'un des rares endroits où subsistent des exemples du patrimoine culturel appartenant aux Azerbaïdjanais en Arménie. Cependant, il est regrettable que l’arrondissement de Tépébachi, qui fait partie de la campagne systématique du gouvernement arménien visant à effacer le patrimoine culturel du peuple azerbaïdjanais, soit sur le point d'être complètement détruit.

En mai dernier, nous, représentants de la société civile azerbaïdjanaise, avons adressé une lettre ouverte à Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, demandant de prendre des mesures concrètes pour empêcher la destruction de l’arrondissement de Tépébachi et d’envoyer une mission d'enquête sur place. Nous avons déclaré notre ouverture au dialogue et à l'interaction avec l'UNESCO dans le cadre des normes et mécanismes du droit international afin d'arrêter la destruction. Nous avons également appelé l'UNESCO à placer l’arrondissement de Tépébachi, qui fait partie de la campagne systématique du gouvernement arménien, sous sa protection en tant qu'exemple unique du patrimoine culturel mondial. Nous avons exprimé notre volonté de travailler en étroite collaboration avec l'UNESCO dans les efforts de suivi. Cependant, nous n'avons reçu aucune réponse à cette demande de la part de l'UNESCO, et nous n'avons pas non plus constaté de déclaration de préoccupation à ce sujet de la part du Conseil de l'Europe ou de l'OSCE, qui déclarent être guidés par la protection des droits de l'homme.

Le Château d'Erevan, le Palais du khan, la mosquée Abbas Mirzé, ainsi que de nombreux autres monuments, qui représentent des exemples précieux du patrimoine matériel du peuple azerbaïdjanais sur le territoire de l'Arménie, ont été complètement détruits. L'histoire de la mosquée Bleue, construite au XVIIIe siècle par le souverain Husseyn Ali, khan d'Erevan, a été déformée et présentée comme une mosquée appartenant à une autre nation.

La destruction par l'Arménie des monuments culturels appartenant aux Azerbaïdjanais constitue une violation flagrante de plusieurs conventions internationales, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention du patrimoine mondial, la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, et la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

La politique de nettoyage ethnique menée par l'Arménie a gravement endommagé le patrimoine culturel immatériel de l'Azerbaïdjan. Par exemple, l'école d'achoug de Goïtcha, l'une des principales écoles de l’art achoug azerbaïdjanais, qui a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, a été coupée de ses origines. L'Arménie a détruit la statue et la pierre tombale du célèbre interprète azerbaïdjanais Achoug Alesguer dans sa région natale de Goïtcha. Il s'agit d'un affront flagrant au peuple d'Azerbaïdjan.

La destruction continue du patrimoine culturel de l'Azerbaïdjan par l'Arménie viole notre droit d'utiliser le patrimoine culturel et de protéger notre culture. Ce comportement entrave gravement les efforts de paix, de dialogue et de réconciliation dans la région.

Nous exigeons que le Conseil de l'Europe et l'OSCE expriment une position explicite sur les questions mentionnées. Ce comportement n'est pas différent de l'attitude manifestée à l'égard des crimes de guerre perpétrés par l'Arménie pendant les années où les terres azerbaïdjanaises étaient occupées, ainsi que de la violation des droits humains fondamentaux et des libertés des réfugiés azerbaïdjanais. La société azerbaïdjanaise a légitimement perdu confiance en l'OSCE, le Conseil de l'Europe et l'UNESCO. Nous constatons que, peu de temps après l’opération antiterroriste, dont le premier anniversaire a été célébré récemment, l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a pris une mesure partiale contre la délégation azerbaïdjanaise. Ce comportement et cette attitude sont inadmissibles, et ceux qui les orchestrent n'atteindront pas leurs objectifs.

L'OSCE et le Conseil de l'Europe ne devraient pas adopter une approche à double standard sur ces questions. Ils doivent être objectifs et impartiaux. En tant que représentants de la société civile azerbaïdjanaise, nous sommes prêts à collaborer avec toutes les organisations concernées dans ce domaine, à fournir des informations supplémentaires et à faciliter les efforts pour protéger le patrimoine matériel et culturel des Azerbaïdjanais en Arménie.

Nous vous exhortons donc à encourager l'Arménie à restaurer et à protéger le patrimoine culturel du peuple azerbaïdjanais conformément à ses engagements internationaux. Conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'Arménie doit garantir la protection du patrimoine culturel et historique des Azerbaïdjanais ainsi que leur retour sûr et digne sur leurs terres ancestrales.

Signataires :

1. Aziz Alekberli – Communauté de l'Azerbaïdjan occidental

2. Emir Aliyev – Centre pour la promotion des droits de l'homme

3. Fouad Mammadov – Association culturelle azerbaïdjanaise « Simourg »

4. Fariz Khalilli – Association pour l’aide à l’étude du patrimoine culturel « Miras »

5. Ramil Isguenderli – Président du Conseil d’administration du Forum national des ONG

6. Nerminé Aghaïeva – Association pour la Promotion du patrimoine culturel d’Irevan

7. Hadji Abdoulla – Association des communautés « Zenguézour »

8. Novella Djafarova – Société des droits des femmes d’Azerbaïdjan D. Aliyeva

9. Séadet Benenyarli – Bureau national d’Azerbaïdjan de la Société internationale des droits de l’homme

10. Selténet Godjamanli – Association pour la Protection des droits de l'homme et de la légalité

11. Mubariz Asgarov – Association pour la Promotion des valeurs nationales « Obyektiv »

12. Chahla Naghiyeva – Association des Relations culturelles « Sonmez Mechel »

13. Cheyda Allahverdiyeva – Association « ICOMOS Azerbaïdjan »

14. Qemer Baghirova – Association pour le soutien au développement de la culture, de la science et de l'éducation Djafar Djabbarli

15. Ulviyyé Bebirova – Association des Volontaires de la culture

16. Turkay Gassimzadé – Association pour la Protection du patrimoine culturel d'Azerbaïdjan et le soutien au tourisme

17. Esmira Fouad – Fonds du Livre « Turan Éternel »

18. Sevda Tahirli – Fondation Mirzé Alekber Sabir

19. Chahin Gadirov – Association pour la culture et l'art « Zirvé »

20. Feridé Mirichova – Association pour le soutien au développement culturel « Iz »

21. Semed Vekilov – Centre de droit Muvekkil

22. Telman Gasimov – Association de recherche scientifique

23. Khatiré Valiyeva – Association pour le soutien aux déplacés internes « Khankendi »

24. Ibrahim Ibrahimli – Association pour la Promotion du patriotisme « Bir Tebessum ».

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