UE : La percée électorale des eurosceptiques complique la candidature de Von der Leyen

  10 Juin 2024    Lu: 335
UE : La percée électorale des eurosceptiques complique la candidature de Von der Leyen

La percée des partis nationalistes eurosceptiques lors des élections européennes devrait compliquer l'objectif d'Ursula von der Leyen d'obtenir un second mandat à la tête de la Commission européenne, même si la présidente sortante de l'influent exécutif européen reste la favorite pour le poste.

Pour s'assurer un nouveau mandat de cinq ans, la politicienne allemande a besoin d'une majorité qualifiée parmi les vingt-sept dirigeants de l'Union européenne ainsi que d'une majorité au Parlement européen, composé de 720 sièges.

En 2019, lors du précédent scrutin, Ursula von der Leyen avait obtenu le poste de justesse, avec seulement neuf voix de plus que le seuil nécessaire, malgré le statut de son groupe, le Parti populaire européen (PPE), première force politique au Parlement de Strasbourg. Elle avait bénéficié aussi du soutien des socialistes et des libéraux, deuxième et troisième groupes parlementaires.

D'après les projections des élections bouclées dimanche, le PPE va rester le plus important groupe au Parlement européen, avec 189 sièges. Si les libéraux et les Verts venaient à soutenir aussi sa candidature, Ursula von der Leyen disposerait de suffisamment de votes pour rester en poste.

Sauf que les groupes nationalistes et eurosceptiques, de même que des partis d'extrême droite, devraient étendre leur influence au Parlement en gagnant plus d'une vingtaine de sièges supplémentaires.

Ces gains pourraient être beaucoup plus importants si des élus non-affiliés, au nombre de 102 désormais, décident de rejoindre formellement l'un des groupes eurosceptiques.

Un tel scénario rendrait bien plus étroite la marge de manoeuvre d'Ursula von der Leyen, d'autant qu'un certain nombre d'eurodéputés de sa potentielle coalition pourrait ne pas voter pour elle, même si les chefs de file de ces groupes annoncent leur soutien à Von der Leyen.

Il y a cinq ans, environ une centaine d'élus de la coalition formée par le PPE, le centre-gauche et les libéraux n'avaient pas voté en faveur d'Ursula von der Leyen.

Afin de rassembler les soutiens, Ursula von der Leyen a signalé qu'elle était disposée à coopérer sur des questions importantes avec le Parti des conservateurs et réformistes européens (CRE), qui comprend notamment les eurosceptiques de Fratelli d'Italia, la formation de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni.

ÉQUATION COMPLEXE

Mais se rapprocher de la CRE s'accompagne pour Ursula von der Leyen du risque de perdre certains de ses alliés traditionnels - les socialistes, les libéraux et les Verts ont indiqué qu'ils ne la soutiendraient pas si elle coopérait avec la droite.

S'agissant des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, qui doivent s'accorder sur l'identité du candidat à soumettre au vote du Parlement, la situation pourrait être plus fluide. Bien que seuls treize des vingt-sept dirigeants européens sont affiliés au PPE, le fait que ce groupe soit la première force politique à Strasbourg va être pris en compte.

Par ailleurs, pour beaucoup, Ursula von der Leyen a effectué un travail de qualité au cours des cinq dernières années, particulièrement au début de la crise sanitaire du COVID-19, en obtenant des vaccins pour les membres du bloc communautaire, puis face à l'offensive lancée par la Russie en Ukraine, en favorisant l'unité des pays de l'UE.

Il faut à Ursula von der Leyen obtenir le soutien de 15 dirigeants européens dont les pays représentent au total au moins 65% de la population européenne pour disposer de la majorité qualifiée. Les treize pays où le PPE est au pouvoir représentent ensemble seulement 26% des citoyens européens. Le plus grand d'entre eux est la Pologne.

Dans les faits, cela signifie qu'Ursula von der Leyen a également besoin de l'appui du président français Emmanuel Macron et du chancelier allemand Olaf Scholz, mais pas nécessairement de celui de la présidente du Conseil italien Giorgia Meloni.

Le soutien d'Emmanuel Macron n'est pas garanti, alors que le président français a vanté les mérites de Mario Draghi, déclarant que l'ancien dirigeant italien et actuel président de la Banque centrale européenne (BCE) devait "jouer un rôle" à Bruxelles avec un poste de premier plan.

Des diplomates européens ont noté que Mario Draghi était sans étiquette et manquait par conséquent d'une base politique solide, alors que chacune des grandes familles politiques européennes a un nom en tête - autre que celui de Draghi - pour diriger la Commission.

Alimentant la complexité de l'équation, d'autres postes importants au sein de l'Union européenne doivent être attribués cette année, avec pour effet de voir les groupes politiques demander, en échange de leur soutien, des promesses politiques mais aussi des postes clé pour leurs représentants. (Reuters)


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