"Les enfants ne devraient pas vapoter et nous ne voulons pas qu'ils deviennent dépendants (...) c'est pourquoi nous allons interdire les e-cigarettes jetables", a annoncé lundi matin le Premier ministre conservateur en déplacement dans une école du nord-est de l'Angleterre.
"Nous ne connaissons pas encore les conséquences du vapotage sur la santé, et il est donc normal que nous prenions des mesures fortes pour éradiquer ce phénomène", a-t-il ajouté.
Au goût d'ananas, de fraise ou autres fruits appétissants et vendus dans des petits tubes colorés, les "puffs" rencontrent un succès croissant chez les adolescents.
Selon des chiffres officiels, parmi les jeunes de 11 à 17 qui vapotent au Royaume-Uni, la part de ceux qui consomment des cigarettes électroniques jetables a été multipliée par neuf en deux ans.
Le gouvernement "veut aider les enfants à éviter de se voir attirer de manière catastrophique dans une dépendance à la nicotine, vers laquelle le vapotage est bien souvent une porte d'entrée", a défendu la ministre de la Santé Victoria Atkins sur la BBC.
Elle a précisé que cette interdiction devrait intervenir au début de l'année prochaine.
"Une action courageuse a toujours été nécessaire pour freiner le vapotage chez les jeunes et l'interdiction des produits jetables est un pas significatif dans la bonne direction", a salué le docteur Mike McKean, vice-président du Royal College of Paediatrics and Child Health.
Le Royaume-Uni juge toujours la cigarette électronique utile pour aider à l'arrêt du tabac, et ses autorités avaient en 2021 ouvert la voie à de possibles prescriptions médicales de tels appareils, suscitant les critiques de certains scientifiques.
Mais le gouvernement s'inquiète de la popularité des "puffs" chez les jeunes et rejoint ainsi d'autres pays qui ont pris des mesures contre ces appareils jetables.
En France, l'Assemblée nationale a adopté fin 2023 une proposition de loi visant à les interdire. Elle doit encore être examinée par le Sénat, et surtout recevoir le quitus de la Commission européenne.
Ailleurs en Europe, l'Allemagne, la Belgique ou l'Irlande ont également amorcé leur interdiction.
De son côté, l'Australie a également interdit l'importation de e-cigarettes jetables depuis le 1er janvier.
Pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la cigarette électronique de manière générale est un produit "nocif" et les études réalisées pour évaluer son intérêt comme outil pour cesser de fumer "ne sont pas concluantes".
- Pays sans tabac -
Lundi matin, l'annonce faisait tanguer les fabricants de cigarettes électroniques jetables à la Bourse de Londres: Chill Brands Group dévissait de quelque 22% en milieu de matinée, tandis que son concurrent Supreme perdait plus de 7%.
Outre l'interdiction des "puffs", Londres a aussi annoncé lundi un durcissement de la réglementation pour réduire le nombre d'arômes autorisés pour les cigarettes électroniques classiques, rendre leurs emballages moins attirants et réglementer la manière dont ces produits sont présentés dans les magasins afin qu'ils soient moins visibles pour les jeunes.
Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'un plan plus large de lutte contre le tabagisme annoncé à l'automne dernier par Rishi Sunak.
Le tabagisme est la principale cause de mortalité évitable au Royaume-Uni et est à l'origine d'environ un décès par cancer sur quatre, selon le gouvernement.
M. Sunak avait ainsi annoncé vouloir étendre l'interdiction de la vente de cigarettes pour que le Royaume-Uni devienne progressivement un pays sans tabac.
Actuellement, l'âge légal pour acheter des cigarettes en Angleterre et au Pays de Galles est de 18 ans et le gouvernement veut relever chaque année cet âge légal d'un an.
Ce qui signifie que toute personne née à partir de 2009 ne pourra plus acheter légalement des cigarettes, et ce durant sa vie. (AFP)
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