Signe de la domination de Trump sur le parti, il a vu ces derniers jours se multiplier les ralliements d'élus républicains, ainsi que de la plupart des candidats à la primaire.
Nikki Haley, la dernière à lui disputer l'investiture républicaine depuis le retrait du gouverneur de Floride Ron DeSantis samedi dernier, arrive une dizaine de points derrière lui, avec 45% des voix. Cette deuxième place peut être considérée comme un échec pour la stratégie de Haley, qui avait beaucoup misé sur cet État, où beaucoup d'indépendants votent à la primaire républicaine. Elle peut aussi être interprétée comme le signe qu'une partie non négligeable de l'électorat républicain ne souhaite pas une troisième candidature de Trump, et refuse de considérer que les jeux sont faits.
«Cette élection est loin d'être terminée»
C'est cette deuxième interprétation qu'a choisie la candidate, qui a annoncé qu'elle continuait sa campagne. «Je tiens à féliciter Donald Trump pour sa victoire ce soir», a dit Haley depuis son siège de campagne à Concord, capitale du New Hampshire, «il l'a méritée, et je tiens à le reconnaître.» Mais elle a aussitôt ajouté qu'elle ne considère pas la primaire comme terminée. «Les commentateurs politiques disent que la course est finie. J'ai une nouvelle pour eux : le New Hampshire est le premier État à voter, mais ce n'est pas le dernier. Cette élection est loin d'être terminée. Il reste des dizaines d'États et le prochain est ma chère Caroline du Sud.»
Haley a rappelé qu'elle a déjà vaincu les quatorze candidats républicains à s'être présentés contre Trump et que son résultat dans le New Hampshire est déjà un succès en soi. «Aujourd'hui, nous avons obtenu près de la moitié des voix. Nous avons encore du chemin à faire, mais nous continuons à progresser.»
Elle a fait un discours comme si elle avait gagné. Elle n'a pas gagné, elle a perdu. »
Donald Trump
Trump a été moins gracieux en annonçant sa victoire depuis Nashua, une autre ville du New Hampshire. «C'était très intéressant parce qu'alors que je me disais, ’’ouah, quelle grande victoire!’’, quelqu'un est monté en courant sur une estrade, toute pimpante… et a fait un discours comme si elle avait gagné», a dit Trump. «Elle n'a pas gagné, elle a perdu. Et il ne faut pas qu'elle s'attribue la victoire alors qu'elle a passé une très mauvaise soirée», a continué Trump en la traitant d'«imposture».
Haley fait désormais l'objet de toutes les attaques de Trump, qui la présente comme une démocrate, une néoconservatrice ou une deuxième Hillary Clinton, et l'accuse d'avoir bénéficié des voix démocrates. Elle doit à présent sortir au moins en partie de l'ambiguïté qu'elle pratique depuis le début de sa campagne vis-à-vis de Trump. Elle a expliqué sa position une nouvelle fois dans son discours, critiquant l'ancien président sans l'attaquer, d'un ton un peu condescendant : «La politique n'est pas une affaire personnelle», a dit Haley, «j'ai voté deux fois pour Trump. J'ai été fière de servir l'Amérique au sein de son administration. Je suis d'accord avec beaucoup de ses politiques. Mais j'ai décidé de me présenter parce que je suis inquiète pour l'avenir de notre pays et parce qu'il est temps de mettre fin à la négativité et au chaos», a-t-elle expliqué.
Le secret le moins bien gardé de la politique est de savoir à quel point les démocrates ont besoin de Donald Trump. Ils savent que Trump est le seul républicain du pays que Joe Biden peut vaincre. »
Nikki Haley
Elle a rappelé qu'au-delà des discours, Trump n'avait finalement gagné qu'une fois face aux démocrates, en 2016. «Avec Donald Trump, les Républicains ont perdu presque toutes les élections. Nous avons perdu le Sénat. Nous avons perdu la Chambre des représentants. Nous avons perdu la Maison-Blanche. Nous avons perdu en 2018. Nous avons perdu en 2020 et nous avons perdu en 2022. Le secret le moins bien gardé de la politique est de savoir à quel point les démocrates ont besoin de Donald Trump. Ils savent que Trump est le seul républicain du pays que Joe Biden peut vaincre.»
Nikki Haley a aussi rappelé aux électeurs républicains le climat de scandale permanent que suscite Trump. «Avec Donald Trump, les crises et le chaos se succèdent», a-t-elle insisté. «Aux affaires judiciaires succèdent les controverses, auxquelles succèdent les tweets… On ne peut pas réparer le chaos de Joe Biden avec le chaos républicain.» Mais surtout, jouant de l'argument d'un changement de génération, elle a renvoyé dos-à-dos les deux candidats les plus âgés de l'histoire des États-Unis : «La plupart des Américains ne veulent pas d'un nouveau duel entre Biden et Trump», a dit Haley, qui vient d'avoir 52 ans. «Le premier parti qui renoncera à son candidat octogénaire sera celui qui gagnera cette élection. Et je pense que ce devrait être les Républicains!»
Avec Le Figaro
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