TotalEnergies lance un audit sur ses projets pétroliers controversés en Ouganda et Tanzanie

  05 Janvier 2024    Lu: 680
TotalEnergies lance un audit sur ses projets pétroliers controversés en Ouganda et Tanzanie

Le groupe pétrolier français TotalEnergies a annoncé jeudi 4 janvier le lancement d’une «mission d’évaluation» du volet foncier de ses projets pétroliers Eacop (East African Crude Oil Pipeline) et Tilenga en Ouganda et Tanzanie, ont rapporté des médias français.

L’économiste franco-béninois Lionel Zinsou est nommé à la tête de cet audit, qui doit rendre son rapport dans quatre mois, précise le quotidien "Libération" ajoutant que sa mission a pour ambition «d’évaluer les procédures d’acquisitions foncières, les conditions de consultation, d’indemnisation et de relocalisation des populations concernées».


Contacté par Libération, Lionel Zinsou explique ne pas avoir hésité une seconde à accepter sa mission. «Il faut que les nouveaux projets n’aient plus les caractères de prédation que certains ont pu avoir par le passé. Il y a beaucoup d’abus dans les industries extractives, aussi bien dans les pays occidentaux que non occidentaux. Cela m’importe beaucoup.»

Nés après la découverte, en 2006, d’imposantes réserves de pétrole autour du Lac Albert, qui marque la frontière entre l’Ouganda et la République démocratique du Congo, les projets Tilenga et Eacop sont titanesques. Le premier prévoit le forage de plus de 400 puits de pétrole, dont 132 à l’intérieur du parc national de Murchison Falls, le plus vaste du pays. Le second, quant à lui, concerne la construction du plus grand oléoduc chauffé du monde. Long de près de 1 500 km, il reliera le Lac Albert à l’océan Indien en traversant la Tanzanie et des espaces naturels protégés, précise le quotidien français.

Les travaux, lancés fin 2022, prévoient le début de l’exploitation en 2025. Le projet permettra à terme l’extraction de près de 200 000 barils de pétrole par jour (environ 32 millions de litres). L’équivalent de près de 10% de la consommation quotidienne française (environ 2 millions de barils), rappelle la même source.


La mise en place du projet est sujette à controverse depuis ses débuts. Cible de manifestations et de pétitions multiples, il est devenu emblématique du choix de l’entreprise de poursuivre ses investissements dans le secteur des énergies fossiles, relève encore le média français rappelant que depuis 2019, des associations de défense des droits humains et de protection de l’environnement sont mobilisées contre le projet et engagées dans une véritable guerre de procédure contre la major pétrolière.

A l’époque, les associations les Amis de la Terre et Survie avaient notamment assigné TotalEnergies en justice pour manquement à son devoir de vigilance. C’est-à-dire «prévenir les atteintes graves envers les droits humains, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement». Malgré la détermination des associations, le juge avait statué en février sur l’irrecevabilité de la procédure, rapporte la même source.

Le 27 juin, une nouvelle action en justice était lancée par cinq associations (dont Survie et les Amis de la Terre) aux côtés de 26 Ougandais. Dans leur recours déposé au tribunal judiciaire de Paris, les plaignants reprochent notamment à TotalEnergies d’avoir violé plusieurs droits humains en expropriant 118 000 personnes, souligne Libération ajoutant que l'action judiciaire est aujourd’hui toujours en cours.

AA


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