Emmanuel Macron propose un nouveau Pacte mondial pour le climat

  29 Décembre 2023    Lu: 834
Emmanuel Macron propose un nouveau Pacte mondial pour le climat

Le président français propose, dans une tribune publiée, vendredi, sur le quotidien le « Monde », un nouveau Pacte mondial pour le climat et plaide en faveur d’une réforme de la gouvernance financière mondiale afin de mieux associer les pays en développement.

"La poursuite de la guerre en Ukraine et la situation au Proche-Orient après l’attaque terroriste du Hamas et les bombardements à Gaza ne doivent pas nous faire dévier des priorités qui sont les nôtres : réduire nos émissions de dioxyde de carbone (CO2), viser la neutralité carbone en 2050, sauver notre biodiversité et lutter contre la pauvreté et les inégalités", a souligné Emmanuel Macron.

Et de préciser "c’est cette doctrine que nous déclinons à l’international, à travers le Pacte de Paris pour les peuples et la planète et les sommets One Planet. La clé de voûte de cette stratégie, c’est que nous devons accélérer en même temps sur le plan de la transition écologique et de la lutte contre la pauvreté, car aucun pays n’acceptera de placer sa population dans l’impasse sociale et économique pour protéger la planète".

Le président français souligne, en outre, que cette stratégie repose sur sept piliers à savoir :

1. Les pays les plus avancés, qui sont aussi ceux qui ont le plus émis de CO2 depuis la révolution industrielle, doivent sortir des énergies fossiles.

2. Traiter en priorité la menace du charbon. Aujourd’hui, c’est 2 000 gigawatts (GW) de capacités installées qui émettront, à elles seules, suffisamment de CO2 pour nous faire dépasser les 1,5 °C.

3. Mettre la finance privée et le commerce au service de l’accord de Paris. Le coût de l’investissement doit être à l’avenir plus élevé pour un acteur qui s’engage dans le secteur fossile. Nous avons besoin d’un taux d’intérêt vert et d’un taux d’intérêt brun.

4. Créer les conditions d’un choc financier pour aider les pays les plus vulnérables à financer leur transition, à accéder aux technologies vertes, qui sont les nouveaux facteurs de croissance, et à s’adapter au changement climatique. Cela suppose d’aller au-delà de la traditionnelle « aide publique au développement » et de faire pour les pays vulnérables ce que les pays riches ont fait pour eux-mêmes en réponse à l’épidémie de Covid-19, à savoir mener une politique budgétaire et monétaire non orthodoxe.

5. Construire les bases d’une « bioéconomie » qui rémunère les services rendus par la nature. C’est clé, car la nature est notre meilleure technologie pour séquestrer le carbone à grande échelle. Les pays qui disposent des plus grandes réserves de carbone et de biodiversité, notamment dans les trois grands bassins de forêts tropicales, doivent obtenir beaucoup plus de ressources en échange de la conservation de ces réserves vitales. Cela passe par des contrats pays par pays. Nous en avons d’ores et déjà lancé trois à la COP28, avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Congo-Brazzaville et la République démocratique du Congo.

6. Protéger l’océan, qui est notre tout premier puits de carbone. La France et le Costa-Rica organiseront conjointement à Nice en juin 2025 la troisième conférence des Nations unies sur l’océan. Elle aura pour objectif d’adopter un compact pour l’océan qui actualise le droit international – notamment sur l’interdiction de la pollution plastique et la protection de la haute mer et des fonds marins – et qui permette d’obtenir des stratégies nationales sur la protection des littoraux de la part des pays qui disposent de zones économiques exclusives.

7. Enfin, cette méthode ne pourra être appliquée par tous que si nous réformons la gouvernance du système de Bretton Woods, à commencer par la Banque mondiale et le FMI, qui ont un rôle éminent pour fixer les standards et pour financer la transition écologique à l’échelle globale. Or, quatre-vingts ans après sa création, cette architecture financière est sous-dimensionnée face à la taille de l’économie et de la population mondiales, elle est aussi largement fragmentée, car nous n’avons pas ouvert la porte aux pays émergents et en développement dans la gouvernance de ces institutions.


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