La lettre se lit comme suit :
« Aux « amis » français de l'Arménie, diffusant des récits erronés sur la situation dans le territoire de l'Azerbaïdjan.
Madame la Présidente, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les élus,
A la veille de l'initiative de certains élus français qui ont décidé d’accompagner le convoi humanitaire pour les Arméniens de Karabagh, en ma qualité de représentant officiel de l'Azerbaïdjan en France, j'ai décidé de vous adresser cette lettre ouverte pour vous faire part de ma profonde inquiétude pour le grand public français, qui reçoit des informations irréalistes et partielles sur la situation dans la région du Karabakh de l'Azerbaïdjan et sur les efforts de mon pays pour la construction de la paix dans la région.
Nous ne remettons jamais en cause l'amitié qui lie les Français et les Arméniens, mais nous regrettons que sous la pression de la communauté arménienne de France, votre action conduit à « diaboliser » l'Azerbaïdjan en |'accusant de créer une « catastrophe humanitaire » sur la base des allégations absolument infondées.
Jean-Jacques Rousseau a dit : « Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l'imagination est sans frontières ». Les limites de la réalité dans notre région sont les normes et les principes de droit international, qui disent clairement que le Karabakh est un territoire souverain de l'Azerbaïdjan. Ce territoire était sous l'occupation militaire de l'Arménie depuis près de trois décennies – quatre résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, votés également par la France, l'ont confirmé.
L'Azerbaïdjan a libéré ses territoires en 2020 et a immédiatement commence à reconstruire ces territoires totalement détruits par l'Arménie pendant l'occupation, afin de permettre aux déplacés azerbaïdjanais de rentrer chez eux. Parallèlement, mon pays a entamé le processus de normalisation des relations avec l'Arménie, un processus qui n'est pas facile et qui se poursuit encore aujourd'hui.
Il est regrettable que malgré les déclarations du Premier ministre arménien Nikol Pachinian, notamment lors du Sommet du Conseil de l'Europe qui s'est tenu à Reykjavík les 16-17 mai 2023, selon lesquelles l'Arménie reconnait l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan d'une superficie de 86 600 km2, y donc le Karabakh compris, l'Arménie a continué d’aggraver la situation sécuritaire dans la région en utilisant abusivement la route de Latchine pour le transfert des mines et des forces armées illégales sur le territoire de l'Azerbaïdjan. C'est la raison pour laquelle l'Azerbaïdjan a installé un point de contrôle sur son territoire sur la route de Latchine. Pour être extrêmement précise, je tiens à rappeler que la route de Latchine est située sur le territoire souverain de l'Azerbaïdjan et n'a pas un statut extraterritorial. L'Azerbaïdjan, conformément à ses engagements dans le cadre de la Déclaration Tripartite du 10 novembre 2020, a autorisé la circulation le long de cette route. Cette route est ouverte et des dizaines de personnes/véhicules la traversent quotidiennement dans les deux sens. L'Azerbaïdjan a proposé d'utiliser la route Aghdam-Khankendi, qui est plus courte et plus efficace a des fins humanitaires, mais cette route est bloquée par un groupe de séparatistes radicaux.
Il est particulièrement important de noter que, contrairement aux tentatives de l'Arménie de présenter le point de contrôle de Latchine de l'Azerbaidjan comme illégal, la Cour internationale de justice (CIJ), par son ordonnance du 6 juillet 2023, a rejeté à l'unanimité et de manière concluante l'appel de l'Arménie concernant le retrait du personnel azerbaïdjanais de la route de Latchine, ainsi la Cour a rejeté également les insinuations de l'Arménie sur l'illégalité du point de contrôle frontalier.
Aujourd’hui, le processus de la réintégration des Arméniens vivant au Karabakh est entravé par les activités de groupes séparatistes arméniens radicaux. Les déclarations de certains responsables français qui encouragent le séparatisme arménien radical ne sont rien d'autre qu'une ingérence dans les affaires internes de l'Azerbaïdjan, ce qui constitue une violation du droit international. Récemment, le Président français a déclaré dans une interview : « Aurions-nous aimé que des gens de l'extérieur nous expliquent ce qu'il fallait faire en Alsace-Lorraine ? ». L'Azerbaïdjan est un État indépendant et souverain qui reconstruit et réintègre ses territoires récemment libérés et c'est au peuple d'Azerbaïdjan de décider l'avenir de notre pays.
L'Azerbaïdjan est un pays laïc, multiconfessionnel et multiculturel. C'est un pays qui présente un modèle unique en son genre de vivre-ensemble, ou les représentants des différents ethnies, religions et cultures vivent en toute sérénité depuis des siècles. Méme durant le conflit avec 'Arménie, la population arménienne a continué à vivre dans la capitale Bakou et dans d'autres villes de l'Azerbaïdjan, alors qu'il ne reste plus un seul Azerbaïdjanais en Arménie. Nous considérons les Arméniens vivant dans la région du Karabakh comme les citoyens de l'Azerbaidjan qui bénéficient des droits égaux que la Constitution du pays accorde à tous ses citoyens.
Ainsi, Mesdames et Messieurs, tout en comprenant votre amitié avec l'Arménie et la pression électorale que vous faites face, nous vous invitons à ne pas interférer dans les affaires internes de l'Azerbaïdjan. Mais cela ne signifie pas que vous devez garder le silence comme vous l'avez fait pendant 30 ans, quand les territoires azerbaïdjanais étaient sous occupation et que les droits fondamentaux de plus d'un million d'Azerbaïdjanais étaient violés. Je vous invite à vous exprimer en faveur de la paix, de la réconciliation, de la réintégration, de la normalisation des relations sur la base du respect strict du droit international. Je vous invite à soutenir le processus de normalisation en expliquant à vos amis Arméniens les avantages que vos pays et l'Europe entière ont tirés du rapprochement entre la France et l'Allemagne.
Il n'y a que deux scénarios pour l'avenir de notre région : la normalisation des relations et la construction de la paix, ou la poursuite d’hostilité. L'Azerbaïdjan a fait son choix et fera tout son possible pour parvenir à une paix durable pour les bienfaits des peuples de notre région, désormais, c'est à l'Arménie de faire son choix. »
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