Sur l'ensemble de l'année dernière, «la hausse de l'inflation résulte d'une accélération des prix de l'énergie (+23,1% après 10,5% en 2021) et de l'alimentation (+6,8% après +0,6%), et dans une moindre mesure des produits manufacturés et des services, qui ont progressé de 3%», décrypte l'Insee. Autre indicateur, l'inflation sous-jacente, qui exclut les variations transitoires des prix pour se concentrer sur les tendances inflationnistes profondes, n'échappe pas elle aussi à une très forte hausse, passant de 1,1% en moyenne sur 2021 à 3,9% en 2022.
L'année qui vient de s'écouler a été particulièrement mouvementée en matière d'inflation : les prix ont flambé presque sans interruption entre juillet 2021 et juillet 2022, avec une forte accélération sur le premier semestre, engendrée par l'explosion des prix de l'énergie. La seconde partie de l'année a été plus contrastée : un ralentissement à la rentrée, puis un pic en octobre, suivi d'une accalmie jusqu'en décembre.
Une inflation attendue en hausse début 2023
Disparition des remises à la pompe accordées par l'État et TotalEnergies, bouclier tarifaire atténué sur le gaz et l'électricité... Les premiers mois de 2023 seront marqués par de nouvelles hausses des prix de l'énergie. De quoi peser sur le budget des acteurs économiques, alors que les prix des carburants ont logiquement bondi, début janvier, suite aux suppressions des ristournes. Dans ses dernières projections macroéconomiques, publiées en décembre, la Banque de France écrivait s'attendre à un pic d'inflation «au premier semestre», entre 7% et 8%. De son côté, l'Insee tablait sur un pic de «7% sur un an en janvier et en février», entretenue ensuite par la hausse des prix du tabac et celle des produits alimentaires.
Cette accélération resterait toutefois temporaire, alors que les prix de l'énergie sont bien en deçà des niveaux records observés ces derniers mois. Sauf surprise, l'année 2023 serait celle d'un ralentissement progressif des hausses de prix, selon les experts. Les différentes projections s'accordent également sur le poids de moins en moins sensible de l'énergie dans la progression des prix, alors que les produits alimentaires, services et produits manufacturés ont pris le relais dans l'indicateur global.
La Banque de France s'attend ainsi à une «décrue, progressive mais nette, sur le reste de l'année», tablant sur un taux d'inflation autour des 4% en fin d'année dans l'Hexagone. Pour les statisticiens nationaux, les prix vont «refluer progressivement», après le premier trimestre, jusqu'à atteindre «environ +5,5% en juin». La Commission européenne s'attend, quant à elle, à une inflation établie à 4,4% pour Paris cette année.
Même constat pour la BCE : «La progression de l'IPCH devrait rester extrêmement forte au cours des prochains mois avant de ralentir régulièrement tout au long de 2023, portée par des effets de base liés à l'énergie et par une atténuation des tensions en amont, et soutenue par les mesures prises par les pouvoirs publics», avancent prudemment les analystes de la Banque centrale. Dans la zone euro, le taux repasserait sous la barre des 4% d'ici la fin d'année. Comme en 2022, la France ferait partie des nations les moins touchées par la flambée des prix. Avec un coût pour les finances publiques. (Le Figaro)