Depuis deux ans, les exportations chinoises profitaient largement des besoins du reste du monde en produits de protection contre le Covid-19, comme les masques, ou en matériel pour le télétravail. Mais cette demande est en repli.
Le géant asiatique fait par ailleurs face ces dernières semaines à sa pire flambée épidémique de toute la pandémie: des millions d'habitants ont notamment été confinés à la hâte fin mars à Shanghai, la capitale économique.
Ces restrictions se poursuivent et mettent à rude épreuve les chaînes d'approvisionnement: la métropole portuaire est un point d'entrée et de sortie important des marchandises en Chine.
Résultat, la Chine a dévoilé lundi des chiffres du commerce en demi-teinte pour avril.
Le mois dernier, les exportations de la Chine ont progressé à leur rythme le plus faible depuis près de deux ans (+3,9%).
Des analystes interrogés par l'agence Bloomberg s'attendaient à un tassement plus prononcé (+2,7%), après une hausse de 14,7% sur un an en mars.
Il s'agit pour les exportations chinoises de leur pire performance depuis juin 2020 (+0,5%).
Quant aux importations de la Chine, elles ont connu une croissance nulle sur un an en avril.
Ce rythme est toutefois meilleur que celui de mars (-0,1%) et bien supérieur aux attentes d'analystes (-3%).
Un an plus tôt, les importations de la Chine avaient bondi de 43,1%, sur fond de rattrapage économique, après une quasi-paralysie de l'activité lors de la première vague épidémique début 2020.
Le porte-parole des Douanes, Li Kuiwen, a tenté d'apporter une note d'optimisme lundi, estimant que l'économie chinoise, avec des "fondamentaux positifs", avait de la marge pour rebondir.
Les analystes semblent plus dubitatifs.
"Les espoirs de voir repartir les exportations une fois l'épidémie enrayée risquent d'être douchés", estime l'analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
"Au contraire, une nouvelle baisse est à attendre ces prochains trimestres", prévient M. Evans-Pritchard, arguant que la levée progressive des restrictions sanitaires à l'étranger entraîne une baisse de la demande en produits chinois contre le Covid.
Les exportations étaient jusque là l'un des piliers de l'économie chinoise, au moment où la consommation est atone du fait d'une flambée épidémique et d'une crise du secteur immobilier, autrefois moteur.
Quant à la faiblesse des importations, cela traduit une "reprise de la production assez lente" en Chine, en raison des "perturbations" pour acheminer pièces et composants dans l'industrie, souligne l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management.
La politique zéro Covid de la Chine, qui implique confinements et dépistages massifs et répétés de la population, s'avère coûteuse pour l'économie du pays, ont averti des experts.
Le mois dernier, plusieurs dizaines de millions de Chinois étaient confinés dans le nord-est du pays, berceau de l'industrie automobile. Si les restrictions ont depuis été levées, l'activité peine à reprendre.
L'excédent commercial de la Chine n'en a pas moins atteint en avril 51,1 milliards de dollars (48,6 milliards d'euros).
L'excédent chinois s'élevait un mois plus tôt à 47,38 milliards de dollars.
AFP