Le Royaume-Uni débute sa campagne de vaccination

  08 Décembre 2020    Lu: 457
 Le Royaume-Uni débute sa campagne de vaccination © AFP

Afin d'éviter toute complication liée au Brexit à l'issue de la période de transition le 31 décembre, Londres envisage de recourir aux avions de l'armée pour acheminer les doses.

Le pays, le plus endeuillé en Europe par la maladie Covid-19 avec plus de 61.000 morts, est le premier dans le monde à avoir autorisé le déploiement du vaccin de l'alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech, une célérité critiquée par certains scientifiques.

Dans l'Union européenne, une décision est attendue d'ici à fin décembre tandis que la Russie a commencé à distribuer durant le week-end son propre vaccin, Spoutnik V.

"Cette journée marque une énorme avancée dans la lutte du Royaume-Uni contre le coronavirus", s'est félicité le Premier ministre conservateur Boris Johnson. "Mais la vaccination de masse prendra du temps", a-t-il mis en garde, appelant à continuer à respecter les restrictions en place.

En Angleterre, au Pays de Galles, en Écosse et en Irlande du Nord, la priorité est donnée aux résidents et employés des maisons de retraite, une tâche compliquée par les défis logistiques liés au besoin de conserver le vaccin à -70 degrés. Suivront les soignants et les plus de 80 ans, et ainsi de suite par âge décroissant.

Les autorités espèrent vacciner d'ici au printemps les neuf catégories prioritaires, qui comprennent les plus de 50 ans, les soignants et les personnes à risque. Elles représentent 99% des décès.
La campagne qui s'ouvre, la plus grande jamais menée par le service public de santé, s'apparente davantage à "un marathon" qu'à "un sprint" dans ce pays de 66 millions d'habitants, a prévenu le directeur médical du service public de santé (NHS), Stephen Powis. La majorité de la population britannique devra attendre 2021.

"La semaine qui vient est un moment historique", a néanmoins estimé le ministre de la Santé Matt Hancock, qui a désigné le premier jour de la campagne de vaccination comme le "V day", jour de la victoire.

La réussite de la vaccination s'annonce cruciale pour le gouvernement de Boris Johnson, très critiqué sur sa gestion de la pandémie et confronté à la colère de certains élus face aux restrictions imposées dans une grande partie du pays, avec un coût économique et social énorme.

Outre les défis techniques, les autorités se sont lancées dans un exercice de pédagogie pour convaincre les Britanniques de l'importance de se faire vacciner, craignant de se heurter au scepticisme de certains. Selon un sondage YouGov publié lundi, 28% de Britanniques sont "très confiants" de la sûreté du vaccin Pfizer/BioNTech et 40% "assez confiants", 23% se disent "pas très confiants" ou "pas du tout confiants". 

Au total, 50 "hubs" hospitaliers mis en place en Angleterre ont commencé à recevoir durant le week-end les premières des 800.000 doses initiales de vaccin en provenance de Belgique. Selon le ministère de la Santé, 1.000 centres de vaccination seront également créés.

Le Royaume-Uni a commandé 40 millions de doses du vaccin Pfizer, permettant de protéger 20 millions de personnes, deux injections étant nécessaires à trois semaines d'intervalle.

Tous vaccins confondus, le gouvernement a assuré l'accès à quelque 357 millions de doses auprès de sept fabricants. Il compte sur celui d'AstraZeneca et de l'université d'Oxford, en attente d'autorisation, plus facile à transporter et dont il a commandé 100 millions de doses, pour vacciner plus largement.

Selon des journaux britanniques, la reine Elizabeth II, 94 ans, et son époux le prince Philip, 99 ans, seront vaccinés prochainement. Ils pourraient même le faire en public afin d'encourager le plus grand nombre à se faire vacciner et contrer les anti-vaccins.

D'autres célébrités ou influenceurs sur les réseaux sociaux pourraient être mis à contribution, le tabloïd The Mirror citant le chanteur Bob Geldof ou le guitariste des Rolling Stones, Ronnie Wood. Le ministre de la Santé s'est dit prêt à se faire vacciner en direct à la télévision.

Afin d'éviter toute complication liée au Brexit à l'issue de la période de transition le 31 décembre, Londres envisage de recourir aux avions de l'armée pour acheminer les doses.

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