Les ingénieurs allemands ne manqueraient décidément pas d`ingéniosité pour trouver des moyens de contourner la loi. Après l`affaire des moteurs trafiqués de Volkswagen, un nouveau "skandal" frapperait de plein fouet un autre symbole du "made in Germany". La société britannique Dyson accuse, en effet, le fabricant d`électroménager BSH Home Appliances d`avoir "bidouillé" les moteurs de certains de ses aspirateurs pour cacher leur véritable consommation électrique. Selon le quotidien britannique The Guardian, la compagnie anglaise aurait lancé des actions en justice pour tromperie envers les consommateurs contre Siemens en Belgique et en Allemagne et contre Bosch en France et aux Pays-Bas.
L`inventeur de l`aspirateur sans sac accuse ses concurrents de mentir sur la puissance de certains de leurs appareils. Les modèles Q8.0 de Siemens et GL80 In`Genius ProPerform de Bosch, dont la puissance maximale n`est pas supposée dépasser 750 watts selon leurs fabricants,auraient en réalité une puissance de 1 600 watts. Dyson affirme étayer ses accusations sur des tests effectués par des sociétés indépendantes. L`astuce totalement illégale utilisée par BSH ressemble à s`y méprendre à celle mise au point par Volkswagen.
Un capteur installé dans le moteur permettrait, en effet, d`augmenter la puissance d`aspiration sur des surfaces particulièrement sales. Le groupe britannique estime ainsi que les modèles trafiqués ne devraient pas afficher AAAA comme label énergétique, mais plutôt un E, voire un F, si leur consommation réelle d`électricité était prise en compte. "Ce comportement est comparable à celui du scandale Volkswagen, accuse Sir James Dyson dans les colonnes du Guardian. Il semble que l`industrie soit pleine de fabricants qui tentent de contourner les tests au lieu de mettre au point des technologies plus efficaces. Cette attitude trompe les consommateurs."
BSH Home Appliances dément fermement les accusations portées par son rival. Le groupe allemand affirme que "tous [ses] aspirateurs sont mesurés en conformité avec les règlements européens de l`énergie". "La performance des appareils à la maison est conforme à la performance du laboratoire, et toute suggestion à l`effet contraire est grossièrement trompeuse", précise le fabricant, qui se dit prêt à "fournir des informations complètes sur les évaluations de la performance énergétique de [ses] aspirateurs, de sorte que les consommateurs puissent prendre une décision éclairée".
Cette affaire tombe très mal pour Bosch qui est déjà montré du doigt pour avoir fabriqué le logiciel "truqueur" de VW. L`équipementier continue de clamer son innocence en expliquant que son programme devait être exclusivement utilisé sur des prototypes comme une lettre envoyée au constructeur automobile le stipulait. Mais ses dirigeants n`ont toujours pas expliqué pourquoi ils ne s`étaient pas étonnés de voir un de leurs clients commander 11 millions d`exemplaires d`une pièce qui était supposée n`être installée que sur un nombre très limité de véhicules.
Même si le passé récent ne plaide pas en faveur de BSH, les accusations de Dyson doivent néanmoins être prises avec des pincettes. Le britannique a en effet pris l`habitude d`accuser ses concurrents à tort et à travers afin de créer le "buzz". En septembre 2013, le spécialiste britannique de l`électroménager avait annoncé son intention de lancer des poursuites contre Samsung. Les roues incurvées de l`aspirateur Motion Sync du géant coréen étaient supposées être une copie exacte du modèle DC37 fabriqué en Angleterre. Trois mois plus tard, Dyson abandonnait sa plainte dans la plus grande discrétion. Furieux, le chaebol décida de contre-attaquer en justice pour obtenir des compensations à la suite des accusations infondées de son rival.
En jetant, cette fois-ci, son dévolu sur BSH, la compagnie anglaise pourrait tenter de prendre sa "revanche" après la récente décision de l`Union européenne de ne pas accéder à sa demande d`imposer sur le Vieux Continent des consommations plus basses pour les aspirateurs. Et puis le dicton est bien connu : "Calomniez, il en restera toujours quelque chose."
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