Le président français Emmanuel Macron a dévoilé vendredi matin ses mesures phares pour lutter contre un prétendu "séparatisme islamiste". Le contenu de ses annonces suscitent déjà la controverse.
Un projet de loi en "cinq piliers" sera présenté en décembre prochain et doit venir "renforcer la laïcité".
À peine le discours prononcé, voilà le chef de l’Etat qui se retrouve au centre des critiques, notamment pour un "deux poids deux mesures".
Malgré sa volonté affichée de vouloir s’attaquer au "séparatisme islamiste" et à "l’Islam radical", Emmanuel Macron a déroulé un projet qui vise clairement les pratiques des musulmans et l’organisation de leur culte.
Dans un communiqué de presse, la plateforme « L.E.S. Musulmans » estime que le président français "a cédé aux injonctions".
"Dans ce discours, malgré des précautions de langage, le président a traité dans le même mouvement de la (bien évidemment) nécessaire lutte contre le terrorisme et, en même temps, des pratiques religieuses des musulmans", déplore l’organisation.
La plateforme dénonce le fait que l’Etat "entend lutter contre l’islam consulaire… avec l’islam consulaire et (...) entend renforcer la laïcité… en s’ingérant dans ce que devraient faire les fidèles".
Sur les réseaux sociaux, les auteurs du communiqué interrogent également le président sur un "deux poids deux mesures" après sa volonté d’"interdire les imams venant de l'étranger" alors même que "chaque année, 5 à 7000 prêtres étranger officient en France (et c'est très bien)".
"Quel est le sens de ce deux poids deux mesures qui crée une exception musulmane?" questionne la plateforme qui s’interroge également sur les raisons qui font que des "familles ne se sentent plus en confiance pour confier leurs enfants à l'école de la République".
Au cours de son allocution de plus d’une heure et demie, Macron a décliné son projet avec plusieurs mesures phares.
S’agissant du premier axe, sur l’ordre public et la neutralité, Emmanuel Macron indique que "l’obligation de neutralité sera appliquée plus clairement aux salariés des délégataires de service public".
L’obligation de neutralité religieuse ne portera donc plus uniquement sur les salariés du service public mais également sur les délégataires.
Sur le deuxième axe que constitue la vie associative, le président français va étendre les "motifs de dissolution" aux "atteintes à la dignité de la personne ou d’emprises psychologique".
Jusqu’à présent, les dissolutions d’association ne pouvaient être prononcées qu’en cas d’apologie du terrorisme ou pour des faits de racisme.
Emmanuel Macron a poursuivi son discours en annonçant l’interdiction de l’instruction à domicile sans motif médical justifié.
Le quatrième axe, à savoir la construction d’un "Islam des lumières", la France va mettre en place, une labellisation des imams avec des certifications, sous l’égide du Conseil Français du Culte Musulman sur qui Emmanuel Macron assume vouloir "mettre la pression".
Les mosquées seront également "incitées" à basculer sous un régime légal qui permettra à l’Etat de mieux "contrôler et maîtriser" les financements étrangers des lieux de culte.
"Je présenterai au cours de l’automne de nouvelles décisions, notamment en matière de logement pour ne pas ajouter de la pauvreté à la pauvreté. Nous devrons assumer une part de la relance qui ira dans ces quartiers. Leurs jeunes veulent l’excellence et les moyens de s’en sortir" a-t-il conclu au sujet de son cinquième pilier, le champ républicain.
Plaidant pour un "réveil républicain", il affirme que ces mesures lourdes sont destinées à préserver "les valeurs" de la France.
En regardant en profondeur les mesures proposées, toutes visent la vie quotidienne et associative des musulmans sans qu’aucun autre culte ne soit mentionné à un moment ou un autre.
Agence Anadolu