Facebook a menacé mardi d'empêcher les utilisateurs et les médias australiens de partager des articles en cas d'adoption du projet de loi visant à contraindre les géants du numérique à rémunérer les contenus fournis par les organes de presse.
Les Australiens n'auraient ainsi plus le droit de relayer sur Facebook ou Instagram des informations nationales ou internationales, a indiqué la firme américaine, affirmant que cette décision est «la seule manière de se protéger contre une conséquence qui défie toute logique».
Un projet de «code de conduite contraignant»
Canberra a dévoilé fin juillet un projet de «code de conduite contraignant» qui obligerait les géants qui dominent l'internet, au premier rang desquels Google et Facebook, à rémunérer les médias australiens, en grandes difficultés financières, pour leurs contenus. Ce code prévoit également la transparence des algorithmes utilisés pour élaborer l'ordre d'apparition des contenus ainsi que des pénalités atteignant plusieurs millions d'euros en cas d'infraction.
Cette proposition de loi «méconnaît la dynamique de l'internet et causera des dommages aux organes de presse que le gouvernement tente de protéger», a affirmé Will Easton, directeur général de Facebook dans la région. «Le plus déroutant, c'est que cela obligerait Facebook à rémunérer les groupes de presse pour le contenu qu'ils placent volontairement sur nos plateformes et à un prix ignorant la valeur financière que nous leur apportons», a-t-il déploré dans un communiqué. Il a également accusé le gendarme australien de la concurrence (ACCC), à l'origine de ce code, d'avoir «ignoré des faits importants» lors du processus de consultation qui a pris fin lundi. «L'ACCC suppose que c'est Facebook qui profite le plus de sa relation avec les groupes de presse alors qu'en réalité c'est l'inverse», a-t-il estimé. «Les informations représentent une fraction de ce qu'ils voient sur leur news feed (fil d'infos) et ce n'est pas une importante source de revenus pour nous», selon M. Easton.
Selon lui, Facebook a généré 2,3 milliards de clics sur les sites internet australiens au cours des cinq premiers mois de 2020, soit 200 millions de dollars australiens (126,5 millions d'euros). Il a par ailleurs indiqué que la firme avait préparé le lancement en Australie de «Facebook News», un fil d'actualités alimenté par des journalistes professionnels. «Au lieu de cela, on nous laisse le choix entre retirer complètement les informations ou accepter un système permettant aux groupes de presse de nous faire payer autant de contenu qu'ils le souhaitent à un prix sans limites précises», a-t-il ajouté.
Google a également contre-attaqué en créant des «pop-ups» sur les moteurs de recherche affirmant «que la manière dont les Australiens utilisent Google est menacée» et en incitant les «youtubers» du monde entier à se plaindre auprès des autorités australiennes.
afp