Le rappeur Orelsan rejugé pour plusieurs chansons

  16 Février 2016    Lu: 1100
Le rappeur Orelsan rejugé pour plusieurs chansons
Il est poursuivi par cinq associations féministes, qui mettent en cause les textes de huit de ses chansons.

İl sera fixé ce jeudi. Rap « ironique » et de « mauvais goût » ou provocation à la violence envers les femmes ? Où se situe la limite entre création artistique et délit ? Le rappeur Orelsan, rejugé à Versailles pour plusieurs chansons, saura ce jeudi s’il est condamné. « On peut pas faire que des oeuvres qui soient du Walt Disney, quoi ! », avait plaidé l’artiste de 33 ans à la barre de la cour d’appel qui, en décembre, le jugeait pour la troisième fois.

« Il y a la liberté de création ! », avait lancé le rappeur, Aurélien Cotentin de son vrai nom. Pas de quoi ébranler les représentantes des cinq associations féministes qui le poursuivent : Chiennes de garde, Collectif féministe contre le viol, Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et Mouvement français pour le planning familial.

Injure sexiste

En cause, les textes de huit de ses chansons, interprétées lors d’un concert à Paris en mai 2009 : « J’te quitterai dès qu’j’trouve une chienne avec un meilleur pedigree », « J’respecte les schnecks avec un QI en déficit, celles qui encaissent jusqu’à finir handicapées physiques »… Pour certains des passages litigieux, l’artiste avait été condamné en 2013 à 1.000 euros d’amende avec sursis par le tribunal correctionnel de Paris.

Les juges avaient ainsi considéré la phrase « les féministes me persécutent (…), comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes », comme une injure sexiste. Pour « renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, j’peux t’faire un enfant et t’casser le nez sur un coup d’tête », ainsi que « ferme ta gueule ou tu vas t’faire marie-trintigner (…)», Orelsan avait été reconnu coupable de « provocation à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur sexe ».

Troisième procès

Mais en 2014, la cour d’appel de Paris avait jugé les poursuites prescrites, sans se prononcer sur le fond. La Cour de cassation avait annulé cette décision en juin et ordonné ce troisième procès. Le rappeur l’assure, il s’agit là de propos « ironiques », certes parfois « d’hyper mauvais goût », placés dans la bouche d’un « personnage fictif », « un gros nul ». En aucun cas de son opinion : « C’est pas du tout ce que je pense », « j’ai jamais dit ça publiquement ».

« Personne ne peut se dire : "Si Orelsan le dit, c’est que c’est vrai" ? », l’avait interrogé le président de la cour. L’intéressé : « Dans mon public, personne ne se dit ça ».
Aucune « distanciation »

La défense de l’artiste, qui apparaît depuis septembre dans la mini-série « Bloqués » du Petit Journal de Canal + et dont le premier film, « Comment c’est loin », est sorti en décembre au cinéma, dénonce des poursuites basées sur des textes « tronqués », ne représentant qu’une infime partie du concert. « Jamais personne n’a été incité » à la violence, avait encore assuré Orelsan.

Les associations, qui estiment que ces textes visent « les femmes, comme une catégorie générale », n’y décèlent au contraire aucune « distanciation » entre le rappeur et son personnage. Ainsi cette phrase : « C’est pas en insultant les meufs dans mes refrains que j’deviendrai quelqu’un mais j’aime bien ».

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