Poutine fustige les pays occidentaux

  23 Octobre 2015    Lu: 709
Poutine fustige les pays occidentaux
À la veille de pourparlers à Vienne sur le conflit syrien, le président Vladimir Poutine a dénoncé jeudi un « double jeu » des Occidentaux avec les « terroristes » en Syrie, tandis que l’armée russe a affirmé avoir mis une bonne partie d’entre eux hors de combat.

« Il est toujours difficile de mener un double jeu : dire qu’on lutte contre les terroristes et en même temps essayer de se servir d’une partie d’entre eux pour faire avancer ses pions au Proche-Orient et servir ses intérêts », a déclaré M. Poutine lors du forum du Club de Valdaï à Sotchi, dans le sud de la Russie. « C’est une illusion de croire qu’il sera possible de se débarrasser d’eux par la suite, de les écarter du pouvoir et de parvenir à s’entendre avec eux. »

Les propos du président Poutine interviennent à la veille d’une rencontre à Vienne entre le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et ses homologues américain, John Kerry, saoudien, Adel al-Jubeir et turc, Feridun Sinirlioglu, ministres des Affaires étrangères des pays les plus hostiles au maintien au pouvoir de Bachar al-Assad.

Parallèlement aux négociations diplomatiques, la Russie continuait jeudi son intervention militaire en Syrie et affirme maintenant avoir mis hors de combat les principales unités des groupes « terroristes ». La Russie dit viser le groupe État islamique (EI) et d’autres groupes « terroristes », mais le Pentagone, à la tête d’une coalition internationale contre EI depuis un an, soutient de son côté que la Russie vise avant tout les rebelles qui combattent les troupes syriennes.

Le politique

La diplomatie russe a dit y attendre vendredi, à Vienne, de la part des 4 participants « de la vérité, de l’honnêteté et de la probité » pour un « échange d’opinions objectif » sur l’instauration du processus politique. M. Lavrov insiste sur la nécessité d’impliquer également l’Iran, l’Égypte, le Qatar, les Émirats Arabes Unis et la Jordanie dans le règlement du conflit. Téhéran, autre fidèle allié du régime de Damas, n’a pourtant pas été convié à la réunion de Vienne.

La Russie insiste depuis le début sur la nécessité de maintenir Bachar al-Assad dans ses fonctions jusqu’à la fin d’une période de transition permettant l’émergence d’un nouveau pouvoir, mais dans cette négociation, il y a une ligne rouge pour la Russie. Selon un diplomate européen qui a assisté à des rencontres entre Vladimir Poutine et les Occidentaux, le président russe ne veut pas que son allié de longue date quitte le pouvoir dans le chaos et l’humiliation.

Pour leur part, Occidentaux, Turcs et Arabes ont longtemps estimé que le départ d’Assad était le préalable à tout processus politique. Mais sur cette épineuse question, les lignes pourraient bouger dans la capitale autrichienne.

Cette réunion se tiendra trois jours à peine après une visite surprise de Bachar al-Assad au Kremlin. Cette rencontre, à laquelle le président syrien est venu accompagné seulement d’un secrétaire, ressemblait plus à une convocation qu’à une invitation.

Un compromis

« Poutine espère que son intervention va finir par forcer les pays qui soutiennent l’opposition syrienne à arriver à une forme de compromis avec ce qui reste du régime », affirme Jeremy Binnie de la revue de défense IHS Jane’s Defence Weekly. Car les positions sur le sort à réserver au président syrien ne sont plus aussi figées que par le passé après plus d’un an de bombardements aériens de la coalition internationale contre le groupe État islamique (EI), aux maigres succès.

Un ministre saoudien, dont le pays soutient des groupes rebelles en Syrie, reconnaissait lundi que Bachar al-Assad pourrait rester au pouvoir pendant la formation d’un gouvernement de transition. La Turquie, autre adversaire du régime de Damas, a également amorcé une inflexion le mois dernier en jugeant pour la première fois « possible » un processus de transition avec Bachar al-Assad.

Washington pour sa part concédait déjà en septembre que le calendrier de la sortie d’Assad était négociable.

De l’autre côté de l’échiquier géopolitique, l’Iran a également lâché du lest en affirmant qu’il « ne travaille pas à maintenir Assad au pouvoir pour toujours ».

Avant les premières frappes russes en Syrie, la Russie avait déjà accueilli deux cycles de négociations entre le régime et l’opposition tolérée, mais peu représentative, qui n’ont abouti à aucune solution concrète.

Début octobre, elle assurait aussi être prête à établir des contacts avec l’Armée syrienne libre (ASL), principal groupe armé syrien modéré, en appelant au rassemblement de l’opposition patriotique contre les djihadistes. Mercredi, Moscou a en outre accueilli des représentants des Kurdes de Syrie.

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