AzVision présente le texte intégral de cette lettre:
«Monsieur le Président de la République,
Depuis presque 30 ans, l'Arménie occupe militairement des territoires de l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh et sept provinces attenantes, en totale violation du droit international et de nombreuses résolutions votées par les Nations unies.
Ce conflit sans fin, ignoré du monde, qui a fait d'innombrables victimes civiles et militaires, a de nouveau fait parler de lui à la faveur d'une récente opération militaire arménienne ayant occasionné de très violents affrontements.
Ces derniers jours, des éléments de l'armée arménienne ont en effet illégalement pénétré sur les terres azerbaïdjanaises, à proximité de Tovouz, dans le nord-ouest du pays. Cette incursion sanglante, menée dans une région hautement stratégique pour l'Azerbaïdjan puisqu'y transitent des pipelines pétroliers vitaux pour le pays, a entraîné la mort d’une dizaine de militaires et civil azerbaïdjanais.
Cette nouvelle agression contre l’Azerbaïdjan rappelle à la communauté internationale que l'Arménie occupe toujours par la force un cinquième du territoire national azerbaïdjanais. Combien de victimes innocentes faudra-t-il encore pour que le respect du droit et de la justice soit imposé au pouvoir arménien ?
Comme vous le savez, les fondements à un règlement du conflit ont été posés dans les résolutions 822 (1993), 853 (1993), 874 (1993) et 884 (1993), du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que dans la résolution 62/243 (2008) adoptée par l'Assemblée générale de l’ONU. Toutes exigent le retrait complet, immédiat et sans condition, des troupes d’occupation arméniennes déployées sur les territoires de l’Azerbaïdjan. A ce jour, malheureusement, aucune de ces dispositions n'a été appliquée.
Il est impératif et urgent que la communauté internationale, y compris la France, réagisse avec fermeté pour amener l’Arménie à respecter le droit international.
La France, depuis 1992, copréside, avec la Russie et les Etats-Unis, le groupe de Minsk, placé sous l'égide de l'OSCE et chargé de trouver une solution au conflit du Haut-Karabakh. Or, pour des raisons stratégiques ou tactiques, ses membres ne semblent guère vouloir se mobiliser afin d'aboutir à une paix véritable, durable et respectueuse de la souveraineté des Etats.
Il est temps de mettre un terme aux atermoiements des médiateurs. Pour l'heure, seule la sage retenue de l'Azerbaïdjan permet d'éviter un embrasement de tout le Caucase. La reprise des hostilités ne peut ni ne doit être une option. C’est pourquoi, Monsieur le Président de la République, nous vous demandons une action immédiate, conformément à l’autorité dont vous disposez au titre de la coprésidence du groupe de Minsk et en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
Notre pays a la capacité d'agir au Caucase. Nous entretenons avec l'Arménie et l'Azerbaïdjan des relations politiques, économiques et amicales équilibrées. Cette position nous permet d'être écouté et entendu à la fois à Bakou et à Erevan. Or, ce dont nous avons désespérément besoin aujourd'hui, c'est d'une volonté politique forte.
« Les Français n’avaient pas déclaré de guerre de revanche. Mais, dès lors que le vainqueur de 1870 renouvelait son crime d’agression, la reprise des deux provinces devenait, avec la défense du sol, l’instinctif but de guerre de la nation. Là-dessus, ni hésitation, ni doute. Cette reprise totale, pure et simple, constituait le droit naturel ». C’est par ce mots qu’André Tardieu, bras droit de George Clémenceau et principal négociateur français du Traité de Versailles de 1919, justifia, dans son ouvrage « La Paix » (1921), la lutte inlassable de la France pour récupérer l’Alsace et la Lorraine, envahies par les Allemands en 1870.
L’Azerbaïdjan revendique aujourd’hui légitimement ce droit naturel, que la France, en son temps, avait fait sien pour restaurer sa souveraineté sur ses territoire occupés.
Confiant dans votre détermination à réagir et à prendre toutes les initiatives justes que réclame la paix au Caucase, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à l'assurance de notre très haute considération.
Guy Bricout, Député du Nord
Jean Pierre Door, Député de Loiret, Vice-Président du Groupe d’amitié France-Azerbaïdjan
Alain Houpert, Sénateur de la Côte d’Or, Président, Président délégué du groupe d’amitié France-Caucase pour l’Azerbaïdjan
Jérôme Lambert, Député de la Charente
André Reichardt, Sénateur du Bas-Rhin, Vice-Président du groupe d’amitié France-Caucase
Jean-Luc Reitzer, Député du Haut-Rhin »
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