La musique française accuse 4,5 milliards d'euros de pertes en raison du coronavirus

  18 Juin 2020    Lu: 1688
  La musique française accuse 4,5 milliards d

Les spectacles de musiques actuelles et de variétés sont les plus touchés avec 2,3 milliards d'euros de manque à gagner. La crise menace les 257.000 emplois du secteur qui redoute «une hécatombe en 2021».

«Si les pouvoirs publics ne répondent pas présents, ce sera la défaite de la musique»: c'est le cri de détresse de la filière musicale en France, qui évalue ses pertes à 4,5 milliards d'euros en 2020 en raison de la crise sanitaire. Les données sont rendues publiques par l'association Tous pour la musique (TPLM), d'après une étude du cabinet d'audit EY. Les pertes de chiffre d'affaires de la filière musicale dans son ensemble sont ainsi «estimées à 43% du prévisionnel de l'année 2020, soit 4,5 milliards d'euros».

Les activités les plus touchées sont celles «du spectacle de musiques actuelles et de variétés, avec des pertes qui représentent 83% de leur chiffre d’affaires prévisionnel en 2020, soit 2,3 milliards d'euros. Avec plus de 4300 annulations, les spectacles de musique classique et de création sont également fortement touchés», poursuit TPLM.

«Pour la filière, c'est la non-fête de la musique», Jean-Noël Tronc, directeur général de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique

C'est la première fois que la filière prend la parole de façon unie, expose à l'AFP Jean-Noël Tronc, directeur général de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Pour la filière, c'est la non-fête de la musique. Car pour une bonne partie du secteur, tout reste fermé. Si les pouvoirs publics ne répondent pas présents, ce sera la défaite de la musique». «Ce n'est pas un plan de relance dont a besoin la filière mais d'un plan de reconstruction, car on parle ici de destructions de valeurs irréparables», insiste-t-il.

«Dans le rouge»
«L'arrêt du live et une industrie qui tournera au ralenti pendant toute l'année 2020 va fortement gréver les revenus des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique: la crise du Covid-19 va engendrer près de 250 millions de manque à gagner pour les droits d'auteur musicaux en 2020, soit 23% du revenu prévisionnel sur l'année», peut-on encore lire dans le rapport. Quant aux artistes interprètes, ils vont perdre plus de 46 millions de revenus, «et ce hors pertes liées à l'annulation des spectacles».

Et la Sacem elle-même est touchée. «L'assemblée générale de la Sacem a voté une mesure exceptionnelle qui permet de plonger la société dans le rouge, détaille Jean-Noël Tronc. D'ordinaire, la règle est ne pas avoir de déficit supérieur à 5%. Là, c'est un niveau de 15 à 20% qui a été autorisé». Plus globalement, la crise aura «également un impact social avec un risque fort sur les emplois» (257.000 actuellement dans la filière musicale), «mettant en lumière les grandes fragilités des métiers de la filière musicale», insiste TPLM.

«Vers une hécatombe»
Le patron de la Sacem regrette que les «mots forts» d'Emmanuel Macron prononcés lors de son intervention sur la culture le 6 mai n'aient pas été suivis d'effets. À l’instar du reste de la filière. «Si les organisateurs de spectacles, producteurs, festivals, n'ont pas de plan de relance adapté, on va vers une hécatombe en 2021», prévient ainsi auprès de l'AFP Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues.

«L'État a fait de gros efforts, très appréciés pour les intermittents. Mais on attend toujours un plan de relance pour ceux qui les font travailler, les entreprises du spectacle, car si les producteurs mettent la clé sous la porte...», s'inquiète auprès de l'AFP Ben Barbaud, patron du Hellfest, festival dédié à la scène metal.

«Si les organisateurs de spectacles, producteurs, festivals, n'ont pas de plan de relance adapté, on va vers une hécatombe en 2021», Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues

«Le président de la République avait parlé de quatre mois sans charge pour les auteurs-compositeurs, mais depuis il n'y a eu aucune précision sur la mise en œuvre et c'est préoccupant», développe pour sa part Jean-Nöel Tronc.

La filière musicale propose quelques mesures pour maintenir sa tête hors de l'eau, comme «davantage de clarté et d'anticipation dans les conditions de réouverture des salles de spectacle et d'autorisation des festivals, afin de répondre au besoin de visibilité». «Au niveau de l'accompagnement social et fiscal, il faut prolonger de 18 mois, soit la fin 2020 et tout 2021, le dispositif d'activité partielle pour les entreprises de spectacle», cite encore Jean-Nöel Tronc.

Afp


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