L`or n`est plus synomyme de valeur refuge

  22 Octobre 2015    Lu: 652
L`or n`est plus synomyme de valeur refuge
Aux yeux des investisseurs, l`or n`est plus synonyme de valeur refuge en période d`instabilité politique et financière mais est devenu un instrument financier comme un autre.

Ceux qui ont acheté du métal précieux au moment où il approchait d`un record de 1.920,30 dollars l`once ne recherchait ni protection ni diversification de leur portefeuille; il s`agissait juste de faire une plus-value rapide, l`or n`ayant alors aucun statut spécial à leurs yeux.

Ces investisseurs ont largement contribué à la flambée des cours de 2008 à 2011, les 183 dollars l`once de gains annuels moyens dépassant largement les 80 dollars de la période 2001 à 2007.

"Lorsque le marché montait, le nombre de clients investissant dans des fonds or avait augmenté de 185%", constate Adam Laird, gérant de fonds de Hargreaves Lansdown, observant que ces investisseurs y voyaient surtout un vecteur de croissance et non pas un produit de sûreté.

Adam Laird ne voit pas l`or monter à court et moyen termes. "Le ralentissement de la croissance des marchés émergents ne peut pas soutenir la demande et les taux d`intérêt sont une menace constante", explique-t-il.

Depuis son record de septembre 2011, le métal jaune a chuté de quelque 40% à 1.180 dollars l`once environ. Il a subi ses plus grosses pertes, de près de 30%, en 2013, année où la Réserve fédérale avait dit qu`elle pourrait bientôt réduire son programme de rachats obligataires, formule qui semblait préluder à un cycle de remontée des taux directeurs.

Les tensions entre la Russie et l`Europe occidentale au sujet de l`Ukraine, l`instabilité au Moyen-Orient et la crise de la dette grecque, autant d`événements qui jadis auraient soutenu l`or, n`ont pas produit l`effet escompté et cela vaut aussi pour le risque d`atterrissage brutal de l`économie chinoise.

Ce constat s`appuie aussi sur les recherches d`économistes de la Banque d`Angleterre (BoE), qui battent en brèche l`image de l`or comme valeur refuge face au risque et à l`incertitude.

"Les investisseurs veulent quelque chose de plus pour conserver de l`or au regard des emprunts d`Etat dénués de risque", expliquent les économistes de la BoE Michael Chin et Zhuoshi Liu. "Nos conclusions vont à l`encontre de l`opinion commune voulant que l`or offre un degré élevé de couverture, au sens que ses rendements vont à rebours du cycle".

Les destinées de l`or dépendent aussi de celles des fonds indiciels (ETF) matières premières, où la décollecte a été forte. Ils ont perdu plus de 40% en volume, à 42 millions d`onces vis-à-vis d`un record de plus de 76 millions d`onces datant de décembre 2012.

"L`un des traits marquants de la décennie jusqu`à fin 2013 a été l`explosion des ETF, qui a sans doute attiré quelques investisseurs en quête de spéculation, ce qui ne correspond pas à ce qui se faisait par le passé", relève Mick Gilligan, de Killik & Co. "L`or a été rentable quelques années et cette dynamique s`est sans doute prolongée plus longtemps qu`elle n`aurait dû", ajoute-t-il, précisant que son fonds a réduit son exposition sur l`or l`an passé.

La flambée de l`or au début du XXIe siècle fut allumée par toute une série d`événements: l`éclatement de la bulle internet, les attentats du 11 septembre, la chute des taux américains à des niveaux sans précédent en 2003 et l`invasion de l`Irak, en 2003 également.

Les craintes de voir la politique monétaire ultra-accommodante des Etats-Unis, entre autres pays, déclencher une inflation galopante avaient également contribué à affoler le marché de l`or.

Mais en fait, l`inflation est restée en basses eaux et Charlie Morris, gérant de fonds d`Atlas Pulse, ne voit pas en elle une véritable menace dans les années à venir.

"(Néanmoins), s`il y avait un stimulant monétaire de grande ampleur, allant au-delà de l`assouplissement quantitatif (QE) et qui vise plus précisément la croissance nominale du PIB, alors l`inflation commencerait à remonter", dit-il.

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