Quand Google se fait attaquer sur tous les fronts

  22 Octobre 2015    Lu: 788
Quand Google se fait attaquer sur tous les fronts
Google, le géant américain du digital, doit faire face à une nouvelle offensive. Et de poids. Le puissant opérateur allemand Deutsche Telekom a l’intention de porter plainte contre Google auprès des autorités européennes de la concurrence au mois de novembre, révèle le New York Times. Cette fois, le grief porte sur un abus de position dominante dans le domaine mobile avec Android.

Selon l’opérateur allemand, Google utilise son système d’exploitation pour faire la promotion de ses propres produits. Et comme Android équipe 85% des smartphones dans le monde, le jeu semble rapidement faussé.

La Commission européenne a ouvert une enquête en avril dernier pour savoir si Google a entravé « le développement et l’accès au marché des systèmes d’exploitation mobiles concurrents, des applications et services au détriment des consommateurs et développeurs et services et produits innovants ». Deutsche Telekom joindrait donc sa plainte à cette procédure. Ce n’est pas la première fois que le groupe allemand se confronte à la firme de Mountain View. L’entreprise allemande est aussi plaignante dans l’enquête sur l’abus de position dominante de Google dans la recherche et les services en ligne.

La bagarre contre les abus de Google a démarré en 2010, en Grande-Bretagne. Puis ce front s`est progressivement élargi. En 2014, virage important, des éditeurs de presse, des acteurs des télécoms, des comparateurs de prix français et allemands unissent leurs forces pour porter plainte. Imaginons un internaute qui fait une recherche pour acheter une tondeuse à gazon. Google qui maîtrise 95% des recherches effectuées sur le web en Europe par les internautes peut, techniquement, choisir de privilégier telle ou telle entreprise de vente en ligne, contraint de fait les e-commerçants à payer de la publicité pour apparaître en tête des résultats, et détient un quasi droit de vie ou de mort sur des secteurs économiques entiers. De surcroît, le groupe sait en temps réel quels mots les internautes utilisent pour chercher qui un voyage, qui une nouvelle voiture, mais ne partage pas ses données. C`était le premier angle d`attaque.

Poursuivi sur tous les fronts, la position d’équilibriste de Google s`est alors compliquée. Mais le groupe semblait bénéficier d`une forme de mansuétude à Bruxelles. A l`automne 2014, changement de donne. Margrethe Vestager, la nouvelle Commissaire européenne de la concurrence, passe à la manière forte. Et en avril 2015, au lieu de poursuivre d`interminables négociations, elle adresse au groupe un acte d’accusation en bonne et due forme sur la question des comparateurs de prix. Et reproche à l`Américain de mettre systématiquement en avant, les résultats de son propre service - Google Shopping -plutôt que ceux de ses concurrents. Google conteste évidemment ces griefs, considérés comme erronés. Enjeu potentiel: de très très lourdes amendes.

Un groupe pour fédérer les victimes

Depuis 2014, les contentieux portés à Bruxelles n`ont cessé de s`épaissir, car Google, c`est un écosystème digital complet, de l`ordinateur au téléphone. D’autres enquêtes de la Commission européenne sont en cours: sur les contrats publicitaires de Google; sur les contenus que le groupe « emprunte » aux sites de médias. Sur la question d`Androïd et des smartphones, et avec 85% du marché mondial et 70% du marché européen, la dispute est - philosophiquement - identique: Google peut complètement maîtriser les services auxquels l`internaute a accès, évacuer ses concurrents, et promouvoir ses propres services.

Outre les démarches de poids lourds, comme Deutsche Telekom, des initiatives privées parallèles se sont ajoutées. En septembre, un site baptisé GRIP (Google Redress and Integrity Platform) a été créé pour fédérer les « victimes » potentielles du géant américain du côté des entreprises. Lancé par le cabinet de conseil bruxellois Avisa, le GRIP facilite les actions en dommages et intérêts en pariant sur l’hypothèse d’une condamnation – à terme, mais néanmoins incertaine – du groupe par la Commission européenne pour violation des lois antitrust de l’Union Européenne. Au bout de 6 ans de bataille, chez Google, la réaction est la même: pas de quoi fouetter un chat.

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