Les conséquences économiques du confinement se précisent dans l'Hexagone. Le gouvernement et les économistes préparent les esprits à une forte récession cette année, face à la pandémie du nouveau coronavirus. Selon les dernières estimations de la Banque de France, les deux mois de confinement ont coûté près de six points de produit intérieur brut à l'économie française.
«Ces deux mois nous ont coûté sur la croissance annuelle près de 6% de perte, déjà. La perte sur l'ensemble de l'année sera plus élevée que cela puisque pendant le redémarrage, l'activité reste partielle», a déclaré le gouverneur de la banque publique, François Villeroy de Galhau ce mardi sur France Inter. Sans dévoiler d'estimation pour l'ensemble du trimestre, comme c'est le cas habituellement, la Banque de France précise dans sa note que la reprise économique sera lente et «progressive».
Une perte moins conséquente qu'au mois de mars
Le mois dernier, la perte d'activité a été de 27%. Si les chiffres ne sont guère réjouissants, la Banque de France note toutefois une légère reprise comparée au mois de mars. L'Institut d'émission avait estimé que la perte d'activité avoisinait les 32 %. Ces prévisions s'appuient en outre sur une vaste enquête menée auprès de milliers d'entreprises ainsi que sur des indicateurs à haute fréquence, tels que les paiements par carte bancaire effectués sur le territoire. Ces derniers diminuaient de 30% fin avril, contre une chute de 40% en mars.
Les secteurs les plus exposés aux mesures de confinement, soit l'industrie hors agroalimentaire, la construction, et les services marchands hors loyers et intérêts des prêts bancaires, ont vu leur activité chuter de 40% en avril contre 50% durant la deuxième quinzaine de mars. À l’inverse, les services tournés vers les entreprises, tels que les activités financières, de conseil, services informatique et juridique, ont bien résisté.
Après l'urgence, un accompagnement en fonds propre et capital
Quelques précisions ont également été données sur le dispositif des prêts garantis par l'État (PGE). Depuis le début du dispositif le 25 mars, 486.000 entreprises, dont 90% de TPE, ont formulé des demandes auprès des banques. «Le taux de refus est très faible, il se situe entre 2 et 3%», a précisé le gouverneur, saluant la stratégie française de soutien aux PME et TPE.
Au lendemain du redémarrage partiel de l'activité, le gouverneur anticipe une aide plus sélective de l'action publique pour soutenir les entreprises les plus «viables», qui représenteront à terme un «bon investissement». «Il va falloir passer d'un effort en trésorerie, réalisé dans un premier temps d'urgence du confinement à un accompagnement en fonds propre et en capital», a-t-il étayé, assurant que nombre d'entreprises se retrouveront dans les prochains mois avec une dette colossale.
60 milliards d'euros d'épargne supplémentaires
Quant à l'évolution de l'activité économique, «l'ambition est de regagner 10 points » pour le mois de mai, a précisé le gouverneur. Les chefs d'entreprise interrogés par la Banque de France s'attendent dans la plupart des secteurs (à l'exception de la restauration et de l'hébergement) à un redémarrage partiel de leur activité. Une reprise qui resterait toutefois loin d'effacer les baisses des deux mois précédents.
François Villeroy de Galhau a également évoqué la question du rebond de consommation dans les prochaines semaines, avec le risque de voir s'enclencher une spirale récessive. Empêchés de consommer en raison du confinement, les ménages français ont accumulé 60 milliards d'euros d'épargne supplémentaires ces deux derniers mois. Soit l'équivalent de «près de 5% de la consommation supplémentaire sur l'ensemble de l'année», rappelle le gouverneur. «La confiance des ménages sera le facteur essentiel pour transformer cette épargne supplémentaire en consommation.»
Si la Banque de France dévoilera le 9 juin sa prévision sur la croissance annuelle, le gouverneur table déjà sur une contraction supérieure à 6%.
Le Figaro
Par Claudia Cohen
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