Iran: PSA Peugeot Citroën met Téhéran au pied du mur, Renault fonce

  22 Octobre 2015    Lu: 583
Iran: PSA Peugeot Citroën met Téhéran au pied du mur, Renault fonce
PSA est excédé des interminables négociations diplomatiques avec l`Iran. Il veut mettre la pression sur Téhéran, en rendant prochainement le dossier public. A prendre ou à laisser.

PSA Peugeot Citroën a en assez des interminables négociations avec l’Iran. Le constructeur automobile français a donc décidé de "mettre publiquement le dossier sur la table dans les quinze prochains jours", selon nos informations. En clair: fini la réserve diplomatique. La firme tricolore va faire officiellement le point sur ses propositions et l’état des pourparlers. Histoire de mettre la pression sur la partie iranienne. Las de subir les rodomontades, voire les provocations, des dirigeants iraniens, PSA veut en finir. A prendre ou à laisser. Ca passe ou ça casse. Aucun accord n’a en effet été encore trouvé. PSA Peugeot Citroën négocie notamment avec Iran Khodro, le plus grand groupe automobile local qui fut pendant 35 ans son partenaire.

"J’observe les difficultés. On est attaqués parce qu’on en est partis. Il y a des articles de presse très agressifs à notre égard", nous avouait pudiquement l’été dernier Carlos Tavares, président de PSA Peugeot Citroën. Aussi, Jean-Christophe Quémard, le responsable de la zone au sein du constructeur, effectue des séjours réguliers sur place pour tenter de renouer des liens de confiance. Mais visiblement sans y parvenir. La firme hexagonale négocie pour fabriquer en Iran la petite Peugeot 208 (sortie en France en 2012) ainsi que son dérivé "Crossover" 2008 (datant de 2013). Il propose aussi la production de la 301 (commercialisée fin 2012), un dérivé à quatre portes rallongé et simplifié de la 208. PSA propose "la création d’une co-entreprise à 50-50". Ce projet-clé ferait de la co-entreprise "un centre de production pour l’Iran mais aussi pour toute la région, dont la Russie".

PSA s’est brutalement retiré du marché iranien début 2012 sous l’injonction de son - éphémère - allié, l’américain GM, qui avait exigé que le français se mette immédiatement en conformité avec la ligne politique de Washington vis-à-vis du pays. Ce que les iraniens ne lui ont pas pardonné. La situation est d’autant plus complexe que si, officiellement, PSA ne fournit plus aucune pièce depuis trois ans, Iran Khodro n’en continue pas moins de fabriquer des anciennes Peugeot 206 et 405 près de Téhéran… sans licence ! La Peugeot 405 était en effet presque intégralement fabriquée sur place depuis longtemps et la 206 dans sa très grande majorité.

Les pièces, naguère fournies par PSA, ont été du coup remplacées, tout simplement, "par des pièces de contrefaçon en provenance de Chine", selon un expert. Voilà comment, paradoxalement, Iran Khodro fabrique et vend toujours des Peugeot qui n’en sont pas vraiment! Il en a ainsi écoulé l’an dernier 318.700 voitures sous le label Peugeot, qui reste du coup envers et contre tout la première marque auto du pays, selon l’association des constructeurs iraniens IVMA. Et ce, sur un marché de 900.000 unités en 2014.

La présence de PSA est historique. Elle remonte au temps du Shah d’Iran. C`est en reprenant les activités européennes de l`américain Chrysler en 1978, que PSA avait... trouvé dans la corbeille de mariée un vieil accord de fourniture de pièces par la filiale britannique de Chrysler pour la Paykan, la voiture nationale iranienne, massivement assemblée sous licence par Iran Khodro de la fin des années 60 jusqu`à une date récente. Cette Paykan était en effet un ancien modèle de Chrysler UK, la Hillman Hunter. Tout en livrant des pièces pour cette voiture, Peugeot a progressivement ajouté sa 405 puis la 206. L`Iran était même devenu le deuxième débouché du groupe PSA derrière la France, avec 467.000 unités en 2010! PSA n`a toutefois jamais été impliqué financièrement dans les opérations, Iran Khodro n’étant qu’un simple licencié.

Alors que PSA Peugeot Citroën se débat dans de dures négociations pour un hypothétique retour en Iran, Renault fonce. La firme au losange n’a d’ailleurs - à quelques mois près - jamais cessé d’envoyer des composants pour sa Tondar (nom local de la Logan à bas coûts) et sa version pick-up. "Nous allons y lancer la Sandero (version à cinq portes de la Logan) en fin d’année", affirmait à Challenges Jérôme Stoll, directeur général délégué de Renault en charge du commerce, lors du salon de Francfort à la mi-septembre. L’Iran devient même prioritaire pour Renault. "Nous comptons y vendre 400.000 unités environ" vers la fin de la décennie, insistait, enthousiaste, le dirigeant.

A cet horizon, l’Iran "sera un des trois premiers débouchés de Renault avec la France et la Chine". Pour cela, la toute petite Kwid à très bas coûts, présentée au printemps dernier en Inde, devrait jouer un grand rôle. Renault a immatriculé 34.000 unités l’an passé en Iran, selon l’IVMA. La firme y dispose d`une co-entreprise industrielle et commerciale depuis 2003, dont elle possède 51% des parts. L’Iran est l’un des pays où les marques françaises sont le mieux représentées…

Tags:


Fil d'info