Croatie: la présidente sortante doit convaincre la droite dure face à la gauche

  03 Janvier 2020    Lu: 970
  Croatie:   la présidente sortante doit convaincre la droite dure face à la gauche

La présidente croate sortante tentera de convaincre les nationalistes de rentrer dans le giron conservateur dimanche au second tour d'une présidentielle qui a révélé la montée en puissance de la droite radicale en Croatie.

Ce dernier tour de scrutin survient quelques jours après l'accession de la Croatie à la présidence tournante de l'Union européenne, à un moment délicat pour Bruxelles comme pour Zagreb.

Bruxelles devra gérer la sortie du Royaume-Uni d'une UE en désaccord sur des sujets comme le climat et les politiques d'immigration. Zagreb est confronté à l'émigration massive de ses habitants, à la corruption et à une économie poussive.

Les électeurs seront conviés à choisir entre deux visions pour ce pays baigné par l'Adriatique: la "Croatie authentique" que la présidente conservatrice sortante Kolinda Grabar-Kitarovic affirme représenter, et la "Croatie normale" promise par son rival social-démocrate Zoran Milanovic.

En Croatie, les fonctions présidentielles sont largement honorifiques. Le chef de l'Etat représente son pays sur la scène internationale, coordonne la politique étrangère avec le gouvernement et est responsable des forces armées.

Pour remporter un second mandat, Kolinda Grabar-Kitarovic, 51 ans, devra attirer l'aile dure de l'électorat de droite séduite au premier tour fin décembre par un chanteur populiste, expliquent les analystes.

Le scrutin s'annonce très ouvert. Un dernier sondage donne une légère avance à l'ancien Premier ministre social-démocrate mais montre surtout que 20% de l'électorat reste indécis.

Une défaite de la présidente sortante compliquerait singulièrement la tâche du parti qui la soutient, le HDZ, et du Premier ministre modéré Andrej Plenkovic, aux législatives prévues à l'automne.

- La gaffeuse contre l'élitiste -

Mme Grabar-Kitarovic espère que ses appels à "l'unité" suffiront à convaincre. En campagne, elle n'a cessé d'invoquer son patriotisme et la guerre d'indépendance de 1991-1995, sujet toujours très sensible.

Se présentant comme une mère de famille et soulignant ses origines modestes, elle est aussi moquée par ses contempteurs qui lui reprochent de nombreuses gaffes.

Elle a également été critiquée pour avoir minimisé les crimes du régime oustachi collaborateur de l'Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale, qui suscite une nostalgie croissante en Croatie.

Si elle a reconnu des "erreurs" durant son mandat de cinq ans, elle a expliqué récemment dans un journal local qu'elle n'était "qu'un être humain, une femme dont le coeur bat pour son peuple et sa patrie".

Son rival Zoran Milanovic tente lui de faire mentir sa réputation d'arrogance et d'élitisme. Il dénonce aussi comme dangereusement intolérant le concept de "Croatie authentique" que seul le HDZ pourrait représenter.

Le social-démocrate a dominé le premier tour avec un tiers des voix, bénéficiant du soutien des électeurs urbains mais aussi de la division de la droite.

"La Croatie, c'est une République pour tous, pour des citoyens égaux", martèle le chantre d'une "Croatie normale" fondée sur la tolérance.

Ses partisans avaient salué en 2011 l'arrivée au pouvoir d'un homme exempt des accusations de corruption entachant la réputation de bon nombre de membres du HDZ. Mais son gouvernement avait déçu, incapable de combattre le clientélisme ambiant ou développer l'économie.

Lors d'un débat lundi, la présidente sortante a accusé son rival d'être clivant, l'intéressé martelant que "la guerre était finie" et qu'il était temps pour la Croatie de "lutter pour sa place en Europe".

Les conservateurs du HDZ au pouvoir veulent d'autant plus conserver la présidence qu'ils ont pris le 1er janvier la tête de l'UE pour six mois. Quatre sujets principaux seront à l'ordre du jour: les relations entre l'UE et Londres après le Brexit, le désir d'adhésion de pays des Balkans occidentaux, le changement climatique et le prochain budget pluriannuel de l'UE.

La Croatie est le dernier pays a être entré dans l'UE, en 2013. Mais son économie, fortement dépendante du tourisme, figure parmi les plus faibles des Etats membres. L'adhésion a accéléré l'exode de Croates qui partent chercher une vie meilleure ailleurs en Europe mais invoquent aussi la corruption et le clientélisme ou la piètre qualité des services publics.

Environ 3,8 millions d'électeurs sont invités à voter dimanche. Les premiers résultats sont attendus à partir de 19H00 GMT.

AFP


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