C’est ce qui ressort d’une interview télévisée accordée, à Montréal, par Justin Trudeau, vendredi soir, à « Radio Canada », principal média canadien.
Il s’agit de la première interview donnée par le Premier ministre canadien depuis sa réélection, le 21 octobre dernier.
« On va attendre le rapport de l’OCDE cet été, puis on va voir comment on va avancer. On s’était engagés durant la campagne et on va le faire. Pour le timing, on est en train de réfléchir, mais on va le faire de façon responsable », a lancé Trudeau.
« Peut-être qu’il y a des pays qui vont y aller avant d’autres, mais on veut être alignés avec l’OCDE », a-t-il ajouté, au sujet de la taxation des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), une des principales promesses des Libéraux lors de la campagne électorale.
Concernant la loi québécoise numéro 21 sur la laïcité (interdiction du port des signes religieux dans la fonction publique), Trudeau, qui s’oppose à cette loi, a indiqué qu’il s’agit de « positions de conviction » pour chacune des parties.
« Pour moi, a-t-il dit, la défense des droits est primordial », nuançant cependant qu’il respecte aussi le fait qu’il s’agit « d’un gouvernement (provincial) qui a un mandat qui a pris cette décision. On ne va pas intervenir pour l’instant ».
« Je ne veux pas que ça devienne une lutte entre le fédéral et la province. Je veux que ça soit une réflexion de société, ce qui est en train de se faire ici au Québec », a-t-il encore dit.
« J’aurais voulu un peu plus », a-t-il lancé concernant le nouvel accord commercial nord-américain (Etats-Unis, Canada, Mexique), récemment signé, mettant en exergue sa satisfaction de l’accord conclu, notamment, le fait qu’il ait été appuyé à Washington aussi bien par les Républicains que par les Démocrates, une garantie d’accéder aux Etats-Unis pendant des générations, à un moment d’imprévisibilité et de protectionnisme dans le monde ».
Trudeau a, ensuite abordé les relations avec la Chine, qui détient, depuis un peu plus d’une année, deux citoyens canadiens dans ses prisons, dont un ex-diplomate et un homme d’affaires, en réaction, selon Ottawa, à l’arrestation à Vancouver du numéro deux de Huawei, à la demande des Etats-Unis.
« C’est une frustration que nous avons de voir encore ces Canadiens pris en détention arbitraire parce qu’on a respecté une entente avec les États-Unis », a souligné le Premier ministre canadien.
« J’aurais aimé pouvoir les voir libérés hier, avant-hier, il y a une semaine, il y a 10 mois, mais on va continuer de faire tout ce qu’on peut pour le faire », a-t-il encore dit.
Trudeau a souligné avoir soulevé cette question avec le président chinois Xi Jinping en marge d’un Sommet du G 20 et que des discussions ont eu lieu avec des responsables de Pékin à ce sujet, sans véritable avancée.
« C’est comme ça, malheureusement », a-t-il conclu impuissant.
Notons qu’avant cette interview, Trudeau s’était entretenu avec le Premier ministre provincial du Québec, François Légault, une occasion, selon les deux responsables, d’aplanir leurs différends et de discuter des voies et moyens de renforcer la coopération entre Ottawa et Québec City. (AA)