Comme ancien président, Giscard «coûte» 2,5 millions d`euros par an à l`Etat

  02 Février 2016    Lu: 626
Comme ancien président, Giscard «coûte» 2,5 millions d`euros par an à l`Etat
Trente-cinq ans après son départ de l`Elysée, l`ancien président de la République, qui fête ce mardi ses 90 ans, est celui pour lequel l`Etat débourse le plus d`argent.
La République est généreuse avec ses anciens dirigeants. Chaque année, l`Etat débourse l`équivalent de 2,5 M€ pour Valéry Giscard d`Estaing. C`est un peu plus que pour Nicolas Sarkozy (2,2 M€) et pour Jacques Chirac (1,5 M€).

René Dosière, député PS et spécialiste du train de vie de l`Etat, a une explication : « Ses dépenses de fonctionnement (voiture, logement...) sont un peu plus chères. Comme la rémunération de ses collaborateurs. Mais le poste le plus lourd, ce sont les agents de sécurité qui surveillent ses résidences, à Paris ou à Authon, dans le Loir-et-Cher. » Dosière estime que « 2,5 millions, c`est sans doute un peu élevé... ».

Giscard aura été le premier bénéficiaire d`une lettre — restée longtemps secrète — de Laurent Fabius, alors Premier ministre, datant du 8 janvier 1985 et « fixant de manière permanente le statut dans la nation des anciens présidents de la République ». Ces règles — qui se sont ensuite appliquées de façon plus officielle à ses successeurs — lui permettent d`obtenir, en plus d`une dotation mensuelle de 6 000 € brut, un appartement de fonction, une voiture avec deux chauffeurs et sept collaborateurs permanents. « L`idée de cette lettre, c`était de montrer que l`Etat lui devait quelque chose eu égard aux services qu`il a rendus à son pays. Ce n`est quand même pas un individu ordinaire », justifie Dosière, qui aimerait toutefois qu`on revoie le statut des « ex ». « Il faudrait un vrai débat à l`Assemblée pour établir de nouvelles règles (s`il reste actif politiquement, s`il a un travail rémunéré) et fixer une limite dans le temps. » L`allongement de la durée de vie et le quinquennat vont alourdir de facto les dépenses dues aux anciens hôtes de l`Elysée.

A 90 ans, VGE est encore courtisé

Ce mardi matin, Valéry Giscard d`Estaing n`est pas allé au bureau, dans ses spacieux locaux du boulevard Saint-Germain à Paris (VIe). Une pause pour son anniversaire : on n`a pas tous les jours 90 ans. C`est la seule concession à cette journée pas comme les autres. L`ancien président, qui a dit « au revoir » à l`Elysée il y a trente-cinq ans, n`a prévu aucune célébration publique. « Il est à un âge où l`on n`aime pas trop fêter les anniversaires... sauf ceux des victoires politiques », confie un proche. Alors, ce mardi soir, il y aura juste un dîner familial « avec les enfants », à l`hôtel particulier de la rue de Bénouville (XVIe).

« Il a pourtant été très sollicité », assure une collaboratrice, citant notamment les télévisions chinoise ou russe qui voulaient une interview pour le « birthday ». Côté français, il était prévu un grand entretien dans « le Figaro Magazine »... mais c`est un autre « ex », Nicolas Sarkozy, qui a eu la préséance, le journal ayant recueilli ses confidences à l`occasion de la sortie de son livre. VGE devra donc attendre le prochain numéro.

Il a rencontré Macron

A 90 ans, celui dont la carrière politique aura été aussi longue après l`Elysée qu`avant (reparcourant le chemin à l`envers en se faisant élire conseiller régional, député, député européen... mais sans jamais retrouver le sommet) a certes réduit ses apparitions. Il est moins assidu au Conseil constitutionnel depuis que son éternel rival Jacques Chirac, avec lequel il s`asticotait sous les yeux ébahis des autres Sages, n`y siège plus. « Mais il reste un oracle qu`on vient consulter », s`amuse un proche. Sarkozy, Fillon, Juppé, tous lui ont envoyé leur livre, avec une dédicace chaleureuse. Bruno Le Maire l`a rencontré deux fois ces derniers mois. « Il apprécie la vision de VGE sur l`Europe », explique l`entourage du candidat à la primaire de droite. « Giscard aime bien aussi raconter ses anecdotes de l`Elysée », sourit un autre visiteur... qui les connaît par cœur.

Ces temps-ci, Giscard est « d`humeur inquiète » pour le monde, l`Europe et la France, décidément « ingouvernable ». Pessimiste, même. Pour la présidentielle de 2017, il compte bien dire son mot. Toujours curieux, il a récemment rencontré un certain... Emmanuel Macron.

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