Russie: deux sœurs parricides, symbole des violences domestiques, doivent être jugées

  03 Décembre 2019    Lu: 1000
  Russie:   deux sœurs parricides, symbole des violences domestiques, doivent être jugées

Deux sœurs ayant tué leur père après des années de sévices doivent être jugées pour meurtre, ont conclu mardi les enquêteurs en Russie, leur reconnaissant néanmoins des circonstances atténuantes, et une troisième se verra imposer des soins.

L'affaire des trois sœurs, Krestina, Angelina et Maria Khatchatourian, a secoué l'année passée la Russie, où les violences domestiques sont un fléau largement passé sous silence et guère réprimé par les autorités. Les jeunes filles ont tué de multiples coups de couteau et de marteau leur père Mikhaïl à Moscou en juillet 2018. Elles étaient alors âgées respectivement de 19, 18 et 17 ans. «Il a été établi que le mobile du crime des accusées étaient des griefs personnels dus aux douleurs physiques et psychiques infligées par le père à ses filles pendant longtemps, ce que l'enquête considère comme des circonstances atténuantes», écrit le Comité d'enquête de Russie, en charge des investigations jugées les plus importantes.

Le Comité a dès lors demandé que deux des trois sœurs, Krestina et Angelina, soient jugées pour «meurtre commis en groupe avec préméditation», crime passible de 20 ans de prison. L'avocate d'Angelina Khatchatourian, Mari Davtian, a dénoncé cette décision, estimant «qu'il y a plus qu'assez de preuves établissant qu'elles ont agi en situation de légitime défense». Concernant la benjamine, Maria, mineure au moment des faits, le Comité a demandé au parquet d'ordonner «une obligation de soins médicaux». Il n'a pas précisé la nature de ces mesures.

L'affaire des sœurs Khatchatourian avait fait d'autant plus de bruit en Russie que peu avant, en 2017, les violences domestiques, hors cas de récidive et de blessures graves, avaient été largement décriminalisées. Le cas des sœurs était emblématique de l'indifférence des autorités dans ce type d'affaires: des voisins et des proches avaient à plusieurs reprises alerté la police, sans résultat, des sévices infligés par le père à ses filles.

Depuis, les milieux associatifs et certains élus se battent pour que la Russie se dote d'une législation ayant trait spécifiquement aux violences dans l'intimité familiale. Une proposition de loi a été rendue publique la semaine passée, mais son adoption reste hypothétique. D'autant que d'influents dignitaires de l'Eglise orthodoxe se sont prononcés contre, et 200 organisations, religieuses notamment, ont adressée une pétition au président Vladimir Poutine pour qu'il bloque de telles mesures. (AFP)


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