Les chefs-d’œuvre de l’Art nouveau à Bakou

  02 Février 2016    Lu: 3506
Les chefs-d’œuvre de l’Art nouveau à Bakou

Bakou. Seconde moitié du XIXe siècle. Le boum pétrolier. Le démarrage du capitalisme. L’expansion rapide de la ville. Autant de facteurs qui nécessitaient une architecture renouvelée, avant-gardiste, et des spécialistes de haut niveau.

Le nouveau style architectural fut l’œuvre d’une nouvelle génération de maîtres d’ouvrage et de maîtres d’œuvre. Les premiers étaient des pétroliers, des banquiers, des commerçants, tandis que les seconds se recrutaient parmi les gens formés en Europe occidentale et à Pétersbourg. L’aspect du Bakou d’alors s’inspira de l’architecture de l’Europe de la fin du XIXe et du début du XXe siècles. C’est ainsi qu’à côté d’autres styles apparut dans la ville l’Art nouveau.




L’Art nouveau secoue la monotonie de la vie quotidienne, il rapproche l’utilitaire de l’artistique, il préserve la diversité grâce à l’apport de différentes cultures, dont il s’inspire sans les copier. La préoccupation principale de ce style est de tout subordonner – des façades aux plus petits détails – à une même volonté esthétique. Ce qui caractérise l’Art nouveau, c’est la réunion, dans une même vision, du parti architectural et du traitement des détails, c’est l’intérêt porté aux formes «fluides» qui reproduisent en quelque sorte le mouvement de la nature vivante; cette école fait une large place aux ornements végétaux, elle fait ressortir et synthétise les caractéristiques stylistiques, elle accentue délibérément la complexité des volumes architecturaux et des éléments sculptés, elle souligne l’originalité esthétique et la préférence accordée aux matières naturelles.





À la fin du XIXe et au début du XXe siècles les formes du Modern Style, comme on désigne aussi l’Art nouveau, se sont le plus clairement manifestées dans les bâtiments qui s’inspiraient des variantes ouest-européennes de ce style. C’était d’autant plus naturel que les nouveaux motifs ornementaux et le nouveau langage de l’architecture avaient été créés par des Européens. Leurs audaces furent reprises par leurs confrères bakounais.
L’Art nouveau a gagné Bakou en traversant l’Europe. Il n’est pas exagéré d’affirmer que la patrie du Modern Style bakounais était l’Europe occidentale.



Quand on étudie les édifices de Bakou de la période considérée, on remarque une étroite corrélation entre le statut social du client et le style qu’il a choisi. C’est aux propriétaires privés que l’on doit l’apparition à Bakou
de bâtiments de nouveaux types et de nouvelles fonctions: clubs et sièges d’associations, établissements d’enseignement, entreprises industrielles, banques, immeubles de rapport et maisons de maître. L’Art nouveau
a porté l’empreinte des goûts et possibilités financières des maîtres d’ouvrage.






On peut dater l’apparition du nouveau style à Bakou de la fin du XIXe siècle (immeubles des 203 et 205 de la rue B. Safarov). Ce qui est curieux, c’est que les premiers et derniers exemples de l’Art nouveau sont situés sur la même rue. Son existence a été brève, mais il a néanmoins laissé sa marque dans l’architecture de la ville.






On compte à Bakou plus de 80 bâtiments Art nouveau. Ce style s’est exprimé dans les détails des façades riches en motifs végétaux, dans les balustrades des balcons, dans les menuiseries des fenêtres et des portes. Une dizaine d’années plus tard les architectes bakounais se mirent à construire des bâtiments dont le traitement des volumes reflétait les caractéristiques de l’Art nouveau (maisons d’habitation du 65 rue Kouliev,
du 39 rue Fizouli, immeuble de bureaux de la rue Hadjibekov, siège d’une banque rue G.Z. Taguiev et d’autres encore).



Si l’on considère la fonctionnalité des immeubles Art nouveau de Bakou, on voit qu’il s’agit surtout de logements. On signalera néanmoins aussi dans la ville deux écoles au 246 rue Moustafaïev et au 66 rue Azaldyg, des banques – l’agence de Bakou de la Banque pétersbourgeoise du Nord (1903-1905) et le siège de l’ex-Banque commerciale de Tiflis (1901), ainsi que l’immeuble de bureaux du 24 rue Ou. Hadjibekov. Dans les immeubles de logement le Modern Style se manifestait dans les détails et l’organisation des façades, tandis que dans les bâtiments publics et maisons de rapport que nous venons de citer il concerne aussi le traitement des volumes et la disposition des pièces. Les maisons d’habitation et de rapport des 4, 6 et 10 rue du 28 mai (1908-1910), édifiées par l’architecte I.K. Plochko pour l’industriel du pétrole Aga Moussa Naguiev au 65 de la rue A.O. Kouliev (1910) et aux 12 et 21 de la rue Dj. Djabbarly, fournissent, tout comme les bâtiments administratifs cités plus haut, des exemples caractéristiques de l’Art nouveau. Comme le relève dans ses ouvrages scientifiques consacrés à l’architecture de Bakou de la période capitaliste, le professeur Chamil Fatoullaev, «une analyse approfondie des édifices de ce style et de ceux qui comportent des détails et éléments Art nouveau, permet d’affirmer que, la période d’épanouissement du Modern Style à Bakou (1910-1915) a vu s’en constituer une variante locale, un «Modern Style bakounais». L’Art nouveau, apparu furtivement et disparu tout aussi furtivement nous a laissé en héritage de remar quables édifices qui sont jusqu’à présent l’ornement de la ville et incitent les architectes contemporains à rechercher des formes innovantes.(IRS)


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