Karine Tuil remporte le prix Interallié 2019 pour son roman Les choses humaines

  13 Novembre 2019    Lu: 882
Karine Tuil remporte le prix Interallié 2019 pour son roman Les choses humaines

Dans son neuvième livre, la romancière dresse, avec la précision d’une sociologue, le portrait d’une famille policée où tout vole en éclats à la suite d’une accusation de viol.

Karine Tuil remporte le prix Interallié 2019 pour son roman Les choses humaines paru chez Gallimard. Elle succède à Thomas B.Reverdy, distingué pour L’hiver du mécontentement paru chez Flammarion. Dans ce livre, son neuvième ouvrage, la romancière s’interroge sur une société mue par la vanité d’où peut surgir l’horreur. Des pages très efficaces qui résonnent avec l’actualité post #MeToo et les révélations de l’affaire Jeffrey Epstein.

Les Farel. Jean, le père. Soixante-dix ans, journaliste politique français incontournable dans les cercles du pouvoir, tous bords confondus. Même si, « égocentrique, vaniteux, impétueux, belliqueux, caractériel… bourreau de travail », l’homme qui murmure à l’oreille des puissants commence à vieillir. De vingt-sept ans sa cadette, Claire Farel, sa femme, est une essayiste reconnue et féministe engagée, auteur de six ouvrages, dont Le Pouvoir des femmes, rédigé à 34 ans.

Les Farel ont un fils, Alexandre, 21 ans. Champion de natation et brillant étudiant de Stanford, en Californie, l’une des plus prestigieuses universités américaines. Voilà pour la galerie. Derrière le rideau, Jean Farel entretient depuis des années une liaison avec Françoise. Claire vient de quitter son mari pour Adam Wizman, prof de français dans une école juive. Avec la précision d’une sociologue, Karine Tuil consacre la première moitié de son roman à un portrait de classe. Ce monde médiatique où l’on se reçoit entre soi, où l’on connaît les gens qu’il faut connaître, où les valeurs s’accommodent.

Un monde policé où les places sont chères. Mais, comme chacun sait, les châteaux de cartes, si patiemment construits soient-ils, ne sont jamais à l’abri de l’écroulement. C’est le cas pour les Farel sous le coup d’une accusation pour viol. Librement inspirée du cas d’Emily Doe (un nom d’emprunt) en janvier 2015 et de la lettre vibrante qu’elle a adressée à son agresseur lors du procès, la seconde partie du roman est entièrement consacrée au rendu de la justice lorsqu’est mis en cause le consentement sexuel.

Après L’Insouciance (2016), Karine Tuil nous confronte surtout, dans son neuvième roman, au paradoxe des existences cuirassées de principes et leur opposition avec le réel. De quoi se protège-t-on en protégeant les autres ? Se demande l’auteur par la voix de Claire Farel. « Toute sa vie durant, elle n’avait fait qu’agir en contradiction avec les valeurs qu’elle prétendait publiquement défendre. C’était ça la violence : le mensonge. »

Le Figaro


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