Dans les conditions d'un déclin économique, d'absence de bénéfices, de pénurie de capital et de diminution de la demande pour les prêts, les faillites sont inévitables. Comment le système financier s'est-il retrouvé au bord de l'effondrement?
Les vainqueurs et les condamnés
Dix ans après la crise, l'industrie bancaire mondiale est confrontée à un nouveau déclin cyclique. La baisse de la demande pour les prêts en est un indicateur particulièrement parlant: en 2018, les prêts délivrés ont augmenté de seulement 4%, soit l'indice le plus bas depuis cinq ans. De plus, la confiance des investisseurs pour les banques diminue à cause de l'élargissement des opérations avec des actifs à risque.
Dans le contexte du ralentissement permanent de l'économie mondiale, les taux d'intérêts très bas sont devenus une véritable épreuve pour les banques, indique le rapport de la société McKinsey intitulé «Dernier arrêt? Le temps des démarches audacieuses».
Les experts expliquent que l'augmentation des taux d'intérêt est bénéfique pour les banques car cela permet d'octroyer des prêts plus chers. Les taux d'intérêt bas réduisent à néant le profit.
Les plus touchées sont les organisations créancières européennes, qui se sont retrouvées dans le piège des taux d'intérêt négatifs. Le Japon et la Suisse sont également dans le négatif. Les États-Unis sont dans la zone à risque: la semaine dernière Donald Trump a exigé de la Fed de suivre l'exemple de l'Europe.
L'expérience de la Banque centrale européenne (BCE) avec des taux négatifs dure depuis plus de cinq ans. Son but consiste à stimuler la croissance économique et à empêcher l'inflation. Cependant, cette politique monétaire n'apporte pas l'effet escompté: l'économie ne repart pas.
D'après la Deutsche Bank, les organisations créancières de la zone euro perdent 8 milliards de dollars par an à cause des taux négatifs. «De facto, les banques sont punies à cause du fait qu'elles possèdent de l'argent disponible sur les comptes de la Banque centrale», indique McKinsey.
À l'origine de la crise
Selon Alexandre Ossine, analyste de la Direction des opérations sur le marché boursier russe chez Freedom Finance, les régulateurs européens et américains ont mené les marchés financiers vers le déclin à cause de l'impossibilité de tirer un profit suffisant des opérations créancières. Cela a créé toutes les prémisses à l'effondrement des actions du secteur bancaire et à la perte de capital par les banques.
Les grandes banques ont manqué l'occasion de survivre, n'ayant pas accordé l'attention nécessaire aux technologies financières contemporaines. Selon les estimations de McKinsey, les géants de la sphère bancaire dépensent moins d'un tiers de leur budget pour le développement des plateformes technologiques, l'introduction des innovations et des services numériques pour les clients. Chez les start-ups financières technologiques prometteuses, cet indice atteint 70%.
Seulement 45% des banques dans le monde pourront survivre à une nouvelle crise cyclique sans problèmes majeurs, estime McKinsey. Une banque sur cinq a besoin de changer son modèle commercial, ainsi que de réduire drastiquement ses dépenses. Sinon, c'est le crash assuré.
Enfin, les 35% restants sont des organisations à problèmes qui travaillent sur des marchés défavorables. Ces acteurs n'ont qu'une seule solution possible pour survivre: fusionner avec d'autres banques ou se faire acheter par des concurrents plus puissants.
«Dans ces conditions il existe deux solutions. La première: se consolider et s'agrandir. Mais ce n'est pas si simple - il est difficile de s'entendre. Il faut également tenir compte de la volonté des actionnaires concernant les fusions et les absorptions. La deuxième: trouver sa niche où il est possible d'exister tranquillement», déclare Alexeï Fedorov, directeur adjoint de la direction de Vesta Bank.
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