Italie: manifestation contre le "mariage pour tous"

  31 Janvier 2016    Lu: 1238
Italie: manifestation contre le "mariage pour tous"
Des dizaines de milliers d`opposants aux unions civiles pour les couples de même sexe ont manifesté, mais moins massivement qu`attendu, samedi à Rome contre une proposition de loi actuellement discutée au Parlement.
Les journalistes présents ont évalué à quelques dizaines de milliers le nombre de manifestants, quand les organisateurs espéraient au moins un million. Aucun chiffre de source officielle n`était disponible dans l`immédiat.

"Le plus de monde possible doit participer, souvenez-vous que c`est la seule arme dont nous disposons !", avait lancé vendredi l`organisateur de ce "Family Day", Massimo Gandolfini.

Plusieurs orateurs se sont succédé tout au long de l`après-midi sur le podium où une immense banderole affichait : "Il est interdit de mettre la famille à la casse". Le chef du gouvernement, Matteo Renzi, qui soutient la proposition de loi sur les unions civiles, a fait de la "mise à la casse" de la vieille Italie l`un des ses slogans préférés.
"Une société qui ne met plus de limites est une société qui devient folle", a lancé samedi M. Gandolfini à la foule des parents, grands-parents et enfants rassemblés dans le centre de la Ville éternelle sous un ciel maussade.

Un père et ses cinq enfants n`en ont pas moins profité pour pique-niquer derrière une banderole avertissant le président du Conseil italien: "Renzi, ceux qui glissent tombent". Un avertissement réitéré sur le podium par M. Gandolfini. "Au moment des élections, nous devrons nous souvenir de qui s`est rangé du côté des familles et des enfants et qui l`aura oublié", a-t-il déclaré.

Les partisans de cette proposition de loi, dont le Sénat italien a commencé l`examen jeudi, avaient eux manifesté samedi dernier à travers l`Italie pour "réveiller" le pays et réclamer une protection pour les couples de même sexe et leurs enfants.

L`Italie est le dernier grand pays d`Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples homosexuels. Les opposants au texte se défendent cependant de toute homophobie.

Un père et une mère

Les opposants à la proposition de loi Cirinna, du nom de la sénatrice qui la porte depuis des années, affirment vouloir surtout défendre les droits et l`avenir des enfants, qui, affirment-ils, ont besoin d`un père et d`une mère.

En l`état actuel, le texte, issu d`une médiation parlementaire, prévoit d`instaurer une union enregistrée par un officier d`état-civil entre personnes du même sexe, qui s`engagent à une vie commune dans la fidélité et à une assistance morale et matérielle réciproque.
Mais, au sein même de la majorité de centre-gauche, ce sont les mesures supplémentaires qui posent problème: la possibilité de bénéficier d`une pension de réversion et surtout celle d`adopter les enfants naturels de son conjoint.

"Faire volontairement des orphelins de père ou de mère: ça n`est humainement pas acceptable", avait ainsi expliqué vendredi à Rome Ludovine de La Rochère, présidente de la "Manif pour Tous" en France, venue avec une dizaine d`autres sympathisants apporter son soutien au "Family Day" italien.

Les alliés de centre-droit de M. Renzi, son ministre de l`Intérieur Angelino Alfano en tête, rejettent catégoriquement l`adoption de l`enfant du conjoint, de même que la frange catholique du Parti démocrate (PD, majorité), qui menace de réclamer un référendum abrogatif si la loi passe en l`état.

Pour l`instant, les sondages, assez fluctuants, montrent une opinion publique partagée sur la question des unions civiles, mais fortement opposée aux adoptions par des couples de même sexe.

L`Eglise catholique, omniprésente en Italie, a pris plusieurs fois position pour rappeler le caractère central de la famille, comprise comme l`union entre un homme et une femme, mais sans appeler directement à manifester samedi.

La Conférence épiscopale italienne (CEI) a ainsi rappelé vendredi dans un communiqué sa "préoccupation" devant toute tentative de mettre "sur le même plan" le mariage et les unions civiles avec l`introduction d`une "alternative à la famille".

Le vote final sur la proposition de loi Cirinna est attendu mi-février. Mais il doit ensuite recevoir l`aval de la Chambre des députés dans les mêmes termes, toute modification du texte entraînant alors son retour devant les sénateurs.

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