Syrie: l`opposition accepte finalement de venir aux pourparlers de Genève

  30 Janvier 2016    Lu: 563
Syrie: l`opposition accepte finalement de venir aux pourparlers de Genève
Après quatre jours d`hésitations, la principale coalition de l`opposition syrienne a finalement décidé de rejoindre les discussions ouvertes vendredi par l`ONU à Genève avec des représentants du régime pour tenter de mettre un terme à la tragédie dans le pays.
Le Haut comité aux négociations (HCN), qui regroupe des opposants politiques et des groupes armés, va dépêcher "entre 30 et 35 personnes" en Suisse, a déclaré à l`AFP un de ses hauts responsables.

"J`ai de bonnes raisons de croire qu`ils envisagent très sérieusement d`être en mesure d`entamer les discussions, peut-être dimanche", a pour sa part indiqué l`émissaire de l`ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, à l`issue d`une rencontre avec la délégation du régime de Damas.

Le HCN, formé en décembre à Ryad, avait refusé d`entamer les négociations tant que les bombardements de civils et le siège de localités se poursuivraient. Mais ils ont obtenu des garanties "de la part des Nations unies et d`autres acteurs", a déclaré Farah Atassi, une opposante proche du HCN, lors d`une conférence de presse à Genève.

Dans la soirée, les Etats-Unis, l`Arabie saoudite la France ont salué, dans des communiqués distincts, la décision du HCN de participer aux discussions.

Tous trois ont fait référence à la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l`ONU, qui prévoit notamment un arrêt des bombardements des zones civiles et un accès aux localités assiégées.

"Tout doit être fait pour donner sa chance à une solution politique", a souligné la présidence de la république française.

Enjeu énorme, minces espoirs

M. de Mistura a rencontré la quinzaine de membres de la délégation de Damas emmenée par l`ambassadeur syrien à l`ONU, Bachar al-Jaafari.

Les Syriens n`ont pas commenté l`entretien, que l`envoyé des Nations unies a qualifié de "réunion préparatoire".

Celle-ci a toutefois donné le coup d`envoi symbolique d`un dialogue inter-syrien, arraché au forceps sous pression de la communauté internationale et prévu pour durer six mois.
Les grandes puissances espèrent que les Syriens parviendront à mettre un terme à une guerre qui a fait plus de 260.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.

Selon la feuille de route, fixée dans une résolution de l`ONU en décembre, les Syriens doivent se mettre d`accord sur un organe de transition chargé d`organiser des élections à l`horizon mi-2017.

Pour y parvenir, l`ONU mise sur des discussions indirectes, les parties étant dans des salles séparées, des émissaires faisant la navette entre les deux.

L`enjeu est énorme, mais les espoirs sont ténus, compte-tenu de l`extrême complexité du dossier.

Le sort du président Bachar al-Assad, sur lequel ont achoppé de précédentes négociations, est la question la plus épineuse, l`opposition souhaitant son départ dès la formation de l`autorité de transition, ce que le régime et ses alliés russes et iraniens refusent.

Quelques dizaines de manifestants s`étaient réunis vendredi après-midi devant le siège de l`ONU à Genève pour scander: "al-Assad, Al-Qaïda, mêmes méthodes, même combat". "Assad n`est pas la solution au terrorisme, il en est la cause", ont-ils ajouté.

Les puissances occidentales, qui ont longtemps réclamé le départ du président syrien accusé d`être le boucher de son propre peuple, ont infléchi leur discours face à la percée du groupe Etat islamique (EI) considéré comme la menace principale.

Depuis août 2014, une coalition menée par les Etats-Unis mène des raids aériens sur les positions de l`organisation jihadiste en Irak et en Syrie. Vendredi, les Pays-Bas ont annoncé qu`ils allaient aussi frapper en Syrie.

Urgence humanitaire

Depuis l`automne, les Russes effectuent aussi des bombardements aériens sur la Syrie. Selon les Occidentaux, ils visent surtout les groupes d`opposants au régime de leur allié Bachar el-Assad.

Leur action a permis au pouvoir de regagner du terrain, ce qui renforce sa position dans les négociations.

"La Russie et le régime sentent qu`ils sont lentement en train de prendre le dessus sur l`opposition, que la tendance à partir de là ne leur est pas défavorable", estime Yezid Sayigh, du centre Carnegie pour le Moyen-Orient.

Les pourparlers s`annoncent donc âpres, bien que l`urgence humanitaire soit grande. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 18 zones sont assiégées en Syrie, et plus de 4,6 millions de personnes ont peu ou pas accès à l`aide humanitaire.

"Il est totalement inacceptable que les gens continuent à mourir de faim, et que les patients dans un état critique soient toujours dans la ville alors qu`ils auraient dû être évacués il y a des semaines", s`est indigné Brice de le Vingne, Directeur des opérations de MSF à propos de la situation à Madaya, ville encerclée par les forces progouvernementales depuis six mois.

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