«Des militaires sont rentrés de force dans le palais en enjambant la clôture. Ils ont envahi le quartier des reines. Ils ont soumis des princes et princesses à des traitements brutaux inhumains», écrit le Fon (roi) Bafut, Abumbi II, dans une lettre adressée au gouverneur de la région. Dans cette cité touristique, inscrite sur la liste indicative des sites du patrimoine mondial de l'Unesco, l'autorité traditionnelle accuse aussi le Bataillon d'intervention rapide (BIR), unité d'élite de l'armée camerounaise, d'avoir «détruit et profané des sanctuaires vieux de 350 ans». Dans l'attaque et le pillage du site le 24 septembre «plusieurs princes ont été blessés» et «un hospitalisé», a précisé le prince Godwill Che Munu, membre d'une société secrète de cette chefferie. «Même nos vivres et boissons apprêtés pour une fête traditionnelle ont été saccagés ou emportés», ajoute le prince. «Au moins 10 militaires du BIR ont attaqué le palais où, selon des témoins, ils ont peut-être soupçonné que des séparatistes anglophones s'y cachaient», a également rapporté vendredi l'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué.
Une enquête a été ouverte par la gendarmerie locale, ont indiqué les services du gouverneur du Nord-Ouest. L'armée camerounaise, contactée, n'avait pas encore réagi. La chefferie de Bafut est située dans la région du Nord-Ouest du Cameroun qui est avec la région du Sud-Ouest le théâtre de violents affrontements entre les forces de sécurité camerounaises et des groupes armés indépendantistes. Les combats, mais aussi les exactions commises contre les civils par les deux camps, ont déjà fait plus de 3000 morts en moins de trois ans, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG). (AFP)