Pour les autorités indiennes, c'était la « Mission Shakti » : un test de missile anti-satellite (PDV Mk 2) qui désintégrait quelques minutes après son lancement le satellite Microsat-r, mis en orbite deux mois plus tôt, au moment où il passait 285 kilomètres au-dessus du site. Une fierté pour la défense indienne, qui prouvait au monde entier qu'elle disposait d'une arme rarissime capable de détruire les satellites de ses ennemis en cas de conflit.
Malheureusement, au moment de l'impact ce sont des centaines, voire des milliers de pièces du satellite qui ont été éjectées dans toutes les directions. Ces débris constituent un danger car ils ne sont pas catalogués, mais aussi parce que d'autres objets en orbite doivent parfois manœuvrer pour éviter d'entrer en collision avec eux.
Des dizaines de morceaux de satellite
Pour se dédouaner, les autorités indiennes avaient rapidement indiqué que leur test anti-satellite était « propre » et que l'ensemble des débris générés par leur missile devaient se désintégrer en re-rentrant dans l'atmosphère après seulement 45 jours. Mais six mois plus tard, plusieurs experts (dont le Dr. Marco Langbroek) continuent d'alerter sur les effets de cette collision : il reste plusieurs dizaines de débris en orbite ! 38 d'entre eux sont catalogués aujourd'hui, mais ce chiffre peut augmenter au fur et à mesure de leur découverte, certains étant si petits qu'ils ne sont pas détectés par les radars au sol.
Pire encore : plusieurs morceaux de Microsat-r pourraient rester en orbite au moins jusqu'à 2024. La trajectoire de certains dépasse les 1 000 km d'altitude, ce qui pourrait les amener à croiser l'ISS (400 km d'altitude), les satellites d'observation de la Terre (500-700 km d'altitude) ou même la constellation Starlink (550 km d'altitude).
Par chance, les armes de destruction anti-satellite, qui ne font l'objet d'aucune restriction internationale, n'ont jamais été utilisées dans le cadre d'un conflit.
Seuls la Russie, l'Inde, les Etats-Unis et la Chine en ont dans leur arsenal, et ces deux dernières nations avaient fait craindre le pire des scénarios en enchaînant leurs propres démonstrations sur des satellites en 2007 et 2008. Une partie des débris (surtout chinois) sont d'ailleurs encore en orbite aujourd'hui.
D'autres pays, comme la France, cherchent à développer cette capacité de destruction sans projectile, en utilisant par exemple des technologies laser.
Clubic / Eric Bottlaender
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