Les Incas n'auraient pas choisi le site du Machu Picchu par hasard

  26 Septembre 2019    Lu: 847
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Le Machu Picchu se dresse dans une région reculée du Pérou, à cheval entre deux sommets de la cordillère des Andes, à quelque 2.400 mètres d'altitude.© Rualdo Menegat

Après avoir mené une vaste étude, des géologues affirment que l'emplacement du Machu Picchu n'a pas été choisi au hasard par les Incas. Cette région du Pérou est caractérisée par la présence de failles tectoniques qui auraient facilité la construction du sanctuaire.

Bâti il y a plus de 500 ans par les Incas, le Machu Picchu est considéré comme l'un des plus importants sites archéologiques de l'Amérique latine mais aussi comme une merveille d'architecture. Etendu sur une trentaine d'hectares, il se dresse dans une région reculée du Pérou, à cheval entre deux sommets de la cordillère des Andes, à quelque 2.400 mètres d'altitude.

Malgré son accès difficile, le site est connu pour s'intégrer parfaitement dans ce paysage spectaculaire, suscitant la fascination des archéologues. Toutefois, depuis des décennies, un mystère demeure : pourquoi les Incas ont-ils choisi de construire leur sanctuaire dans un endroit aussi inaccessible ? Une équipe de géologues pense avoir trouvé la réponse.

"La localisation du Machu Picchu n'est pas une coïncidence", a affirmé Rualdo Menegat, de l'université fédérale du Rio Grande do Sul au Brésil. Durant la réunion annuelle de la Geological Society of America, le 23 septembre dernier, ce chercheur a présenté les résultats d'une analyse détaillée menée sur l'environnement du sanctuaire inca.

Cette étude a permis de conclure que le Machu Picchu aurait été construit à cet endroit en raison des failles tectoniques qui le traversent. "Il aurait été impossible [pour les Incas] de construire un tel site dans les hautes montagnes si le substrat n'avait pas été fracturé" à cause de l'activité géologique, a poursuivi le spécialiste dans un communiqué.

Un X sous le Machu Picchu

Rualdo Menegat et ses collègues ont utilisé des mesures prises sur le terrain et via l'imagerie satellite pour révéler les fractures et failles situées sous le monument classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1983. Cette analyse a permis de constater que les fissures varient grandement en terme de taille, de fractures minuscules visibles sur des pierres à un motif étendu sur 175 kilomètres de long.

Plus important, les géologues ont découvert que les fractures et failles sont réparties selon différents ensembles et qu'elles ne montrent pas toute la même orientation. Alors que certaines s'étendent du nord-est au sud-ouest, d'autres courent du nord-ouest au sud-est. Sur le terrain, elles se recoupent ainsi en formant un X qui, selon l'équipe, tombe juste sous le site du Machu Picchu.

A partir de la cartographie, Rualdo Menegat suggère que les secteurs urbains, les champs agricoles environnants, de même que les bâtiments et les escaliers, seraient tous orientés le long des failles majeures. "La disposition reflète clairement le réseau de fractures situé sous le site", a affirmé le géologue. Plus qu'un symbole, cette particularité aurait conféré des avantages non négligeables aux Incas.

Des pierres plus abondantes

L'activité géologique de la région aurait permis aux constructeurs de disposer de pierres abondantes et plus faciles à façonner. Lorsque les failles s'activent, elles poussent en effet les matériaux situés en profondeur à se déplacer, ce qui génère de grandes quantités de roches fracturées et plus fragiles. "Cela diminue grandement l'énergie nécessaire pour les sculpter", a précisé le chercheur.

En outre, cet environnement aurait également fourni une source immédiate d'eau. "Les failles tectoniques de la zone canalisaient l'eau issue de la fonte et l'eau de pluie directement jusqu'au site", tout en permettant de le drainer en cas d'orages intenses fréquents dans la région, a-t-il poursuivi. Enfin, l'altitude aurait aidé à isoler le Machu Picchu et le protéger des avalanches et des glissements de terrain.

"Les fractures pré-existantes ont aidé à protéger [le site] et ont contribué à sa préservation remarquable", a conclu Rualdo Menegat. Si le Machu Picchu demeure l'une des plus célèbres réalisations des Incas, il ne s'agirait pas d'un cas unique. Selon des analyses similaires, d'autres cités incas dont celle d'Ollantaytambo, de Pisac et de Cusco, auraient également été bâties à l'intersection de failles géologiques.

Plus de cinq siècles après sa construction, la difficulté d'accès ne suffit plus à protéger le Machu Picchu, victime notamment du tourisme de masse. En mai dernier, le gouvernement péruvien a décidé de restreindre le nombre de touristes accédant au sanctuaire. Il planche cependant sur un projet controversé d'aéroport international situé à moins de 100 km du site.

Geo.fr


Tags: Pérou  


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