Pour Airbus, la transition écologique est «une opportunité exceptionnelle»

  17 Septembre 2019    Lu: 758
Pour Airbus, la transition écologique est «une opportunité exceptionnelle»

Dans un entretien accordé aux Echos, le patron de l'avionneur, Guillaume Faury, estime également que son groupe est prêt à faire face aux éventuelles taxes américaines alourdies sur le secteur aérien qui pourraient être bientôt annoncées.

Un équipage «aux postes de combat», prêt à faire face à une «météo compliquée». Dans un long entretien accordé aux Echos, le patron d’Airbus, Guillaume Faury, se veut particulièrement rassurant sur l’avenir de l’avionneur européen, confronté à de nombreux défis. Brexit, hausse des coûts du pétrole, guerres commerciales, sanctions américaines, transition écologique… Les dossiers abordés par l’homme d’affaires sont nombreux.

D’abord, l’entreprise doit se préparer à un avenir incertain, à l’approche de la date limite du Brexit, fixée au 31 octobre par Boris Johnson. L’entreprise a négocié sur plusieurs points avec les autorités britanniques afin de pouvoir «réduire [le] risque» de retard ou de rupture dans la chaîne d’approvisionnement, sans pouvoir l'annuler entièrement pour autant.

Même constat pour le conflit qui oppose les Etats-Unis à l’Union européenne à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) autour des subventions publiques accordées à Airbus par plusieurs pays européens : «nous étudions les différents scénarios possibles et les façons de nous y adapter, dès que nous connaîtrons les produits impactés, sous quelle forme et dans quels délais», rassure le dirigeant. Le groupe espère toutefois que les tensions entre les deux rives de l’Atlantique seront rapidement apaisées : «la seule solution viable pour les deux parties est de parvenir à un accord» commercial, toute restriction aux échanges ayant rapidement un effet nocif sur l’activité économique et les entreprises, met-il en garde.

L’homme fort d’Airbus adresse également un message à Washington, en rappelant que son groupe reste un «fournisseur important des compagnies américaines» ainsi qu’un employeur de premier plan aux Etats-Unis. Des sanctions pourraient donc «remettre en cause» la place de l’avionneur dans ce pays, ce qui serait «dommageable pour l’économie américaine elle-même», veut-il croire.

Airbus doit aussi composer avec les doutes soulevés par les accidents de Boeing 737 MAX, qui ont renforcé la méfiance vis-à-vis de la sûreté des appareils aériens. «Notre priorité est la sécurité et nous nous remettons tous les jours en question. Nous tirerons bien évidemment toutes les leçons qui résulteront de cette situation», commente-t-il, tout en rappelant que le «problème technique» à l’origine des catastrophes est propre à l’appareil en question.

Mais, face à ces défis, Guillaume Faury rappelle qu’Airbus présente un bilan satisfaisant, avec 500 livraisons d’appareils à fin août, un «niveau jamais atteint auparavant en huit mois». Le groupe espère livrer encore 380 à 390 avions d’ici la fin de l’année, un objectif qui sera délicat à accomplir dans un environnement de commandes «inhabituellement compliqué». Pour soutenir son activité, il ne ferme pas la porte à l’ouverture d’une nouvelle chaîne d’assemblage d’A321 dans son usine de Toulouse, tout en précisant que cette solution n’est «pas la seule» et devra d’abord se révéler compétitive.

Airbus considère également que les préoccupations environnementales et l’apparition de nouvelles technologies comme le numérique peuvent être vues non comme un risque ou un défi, mais plutôt comme une opportunité «exceptionnelle […] industrielle, technologique» pour transformer en profondeur le transport aérien. Se montrant critique vis-à-vis des écotaxes sur les vols ou billets aériens, le PDG appelle à établir un «cadre réglementaire […] mondial» pour pousser les transporteurs à investir massivement et transformer leurs appareils. «Il y a un chemin – et même plusieurs – vers une aéronautique décarbonée», estime Guillaume Faury, appelant à soutenir les énergies renouvelables et les carburants dits «soutenables».

Le groupe Airbus pourrait également chercher à réduire sa dépendance à l'aviation commerciale, en montant en puissance dans la défense, notamment dans le domaine spatial. «Même si l'espace reste un domaine compliqué, avec des facettes à la fois civiles et militaires, cela reste, à n'en pas douter, un secteur à très fort potentiel pour Airbus», avance notamment Guillaume Faury, qui appelle à modifier la réglementation européenne antitrust pour favoriser l'émergence d'un géant capable de rivaliser avec la Chine, les Etats-Unis et l'Inde dans le domaine des satellites.

Pour l'heure, les marchés semblent toutefois inquiets : lundi, l'action Airbus a perdu du terrain en Bourse dès l'ouverture, passant de 125 euros à un peu plus de 121 euros à la clôture. Les investisseurs ont été échaudés par la hausse des cours du pétrole ainsi que l'annonce de droits de douane américains alourdis qui pourraient peser sur le secteur aérien européen.

Le Figaro


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