L'être humain boit du lait depuis au moins 6.000 ans

  14 Septembre 2019    Lu: 794
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Un des fossiles utilisés pour la découverte. © Dr Sophy Charlton, University of York  

Jusqu'à présent, les traces d'agriculture et autres indices permettaient de déterminer si les Hommes du Néolithique consommaient ou non du lait provenant d'autres mammifères. Mais récemment, une preuve directe de la consommation de lait a été identifiée par des chercheurs de l'université d'York : une protéine laitière découverte dans la plaque dentaire de sept individus vivant il y a 6.000 ans.

C'est la toute première découverte directe de la consommation de lait par l'être humain chez sept de nos ancêtres -- lesquels étaient apparement fermiers et britanniques -- grâce à des résidus d'une protéine laitière bien connue, la bêta-lacté-globuline (BLG). En Grande-Bretagne, la période du Néolithique s'étend approximativement de 4.000 à 2.400 avant J.-C. C'est là où l'on assiste à l'avènement des fermes et des animaux domestiques. Ce qui est encore plus surprenant, c'est que les sept fossiles analysés proviennent de trois sites différents en Angleterre et tous portent des traces de consommation de produits laitiers. C'est notamment grâce à nos avancées en protéomique que cette découverte a pu voir le jour. En analysant de plus près le tartre dentaire, le biofilm bactérien de la plaque dentaire, de certains fossiles, il est possible d'avoir un aperçu du microbiome oral et des indications sur les régimes alimentaires.

Une découverte surprenante 

La découverte étonne les scientifiques et autres archéologues car de récentes études génétiques nous montrent qu'à cette époque, la grande majorité des individus ne possédaient plus assez de lactose à l'âge adulte pour digérer les produits laitiers. C'est toujours le cas aujourd'hui avec de fortes disparités selon les régions --dans les pays nordiques, pratiquement tous les individus ont la lactase qui persiste, contrairement aux pays asiatiques où très peu de personnes témoignent de cette persistance. 

Le Docteur Sophy Charlton, qui a conduit l'étude à l'université d'York, propose une hypothèse : « Parce que boire plus que de très petites quantités de lait aurait rendu les gens de cette période vraiment très malades, ces premiers agriculteurs ont peut-être transformé le lait, peut-être en aliments comme le fromage, afin de réduire sa teneur en lactose ».

Un nouveau marqueur pour les archéologues 

C'est ce qui est vraiment important dans cette nouvelle découverte. Les archéologues ont désormais à leur disposition un nouvel indice à chercher dans les fossiles de nos ancêtres afin de les recouper avec les contextes environnementaux de l'époque et voir si tout cela concorde. C'est une aubaine pour la communication entre différents champs de recherches comme la génétique et l'histoire de la culture. Parce que si cette découverte est importante, elle ne dit encore rien sur le processus complexe qui a abouti à faire qu'une partie non négligeable de l'humanité actuelle soit capable de digérer le lactose. 

« L'identification de personnes plus anciennes présentant des traces de BLG à l'avenir peut fournir des informations supplémentaires sur la consommation et la transformation du lait dans le passé, et améliorer notre compréhension de la façon dont la génétique et la culture ont interagi pour produire la persistance de la lactase », se réjouit le Dr Charlton.

Futura Sciences / Julien Hernandez


Tags: science  


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