GB: la ministre du Travail Amber Rudd annonce sa démission

  08 Septembre 2019    Lu: 1064
GB: la ministre du Travail Amber Rudd annonce sa démission

La ministre britannique chargée du Travail et des Retraites, Amber Rudd, historiquement europhile, mais qui avait accepté malgré tout de faire partie du gouvernement de Boris Johnson, a annoncé sa démission ce samedi soir en désaccord avec la stratégie de Brexit du premier ministre, partisan d'une ligne dure incluant un «no deal».

«Je ne peux pas rester alors que des bons, loyaux conservateurs modérés sont exclus», a déclaré la ministre et députée, en référence à l'exclusion du Parti conservateur de 21 députés qui ont voté cette semaine avec l'opposition une proposition de loi destinée à éviter un Brexit sans accord. Dans une lettre au premier ministre postée sur Twitter, elle qualifie même l'exclusion des vingt-et-un «rebelles» d'«assaut à la décence et à la démocratie».

Elle qui avait voté pour rester dans l'UE lors du référendum de juin 2016 estime que l'«objectif principal» du gouvernement n'est plus d'obtenir un accord de sortie avec l'Union européenne. «J'avais rejoint votre gouvernement en toute bonne foi : accepter le 'No Deal' devait être sur la table, car c'était le moyen par lequel nous aurions les meilleures chances de parvenir à un nouvel accord pour sortir (de l'UE) le 31 octobre», écrit-elle. «Cependant, je ne crois plus que partir avec un accord soit l'objectif principal du gouvernement», ajoute-t-elle, reprenant un argument des frondeurs et du parti travailliste.

Sur l'Europe, une division profonde au sein des conservateurs

C'est une nouvelle illustration de la crise qui frappe le chef du gouvernement, qui n'a plus de majorité au Parlement et dont la stratégie sur le Brexit a été court-circuitée par ses opposants à la Chambre des communes. «Le gouvernement Johnson s'effondre», a réagi sur Twitter Keir Starmer, référent sur le Brexit au sein du Labour, principal parti d'opposition. Nigel Farage, l'europhobe chef du Parti du Brexit se demandait lui sur le même réseau social «pourquoi Boris avait confié des postes ministériels à des Remainers (en faveur du maintien dans l'UE, ndlr) en premier lieu».

Au-delà du blocage entre le gouvernement et le parlement, ce nouvel épisode illustre le fossé au sein du parti conservateur entre, d'un côté, une immense majorité des militants et des électeurs qui sont favorables à un «no deal», et, de l'autre, une partie importante de ses cadres, plus europhiles. Ce gouffre peut expliquer la concomitance de cette crise avec les bons résultats de Boris Johnson dans les sondages où son parti arrive largement en tête, avec environ 35% des voix, devant le Labour ou les Lib Dems, tous les deux autour de 20 points. Le Parti conservateur de «BoJo» semble reprendre des voix au Brexit Party de Nigel Farage, qui était arrivé largement en tête aux élections européennes de mai dernier, alors qu'il atteint actuellement à peine les 15% dans les sondages.

Reste, néanmoins, que Boris Johnson ne dispose plus de majorité au Parlement et ne parvient pas, pour l'instant, à imposer l'organisation d'élections anticipées. Il dispose donc d'une marge de manœuvre des plus faibles pour contrecarrer ses opposants qui ont fait passer une loi «anti-no deal» qu'il menace ce samedi de ne pas respecter. (AFP)


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