La Russie reconnait le caractère nucléaire de l'explosion sur une base militaire

  11 Août 2019    Lu: 1258
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Après deux jours de silence, la Russie a reconnu samedi que l'explosion survenue jeudi sur une base de lancement de missiles dans le Grand Nord avait un caractère nucléaire, revoyant aussi à la hausse le bilan, désormais d'au moins cinq morts.

Dans un communiqué, l'agence nucléaire russe Rosatom a annoncé que cinq membres de son personnel ont été tués dans cette explosion, ajoutant que trois autres personnes, victimes de brûlures, avaient été blessées.

Rosatom a précisé que ses personnels fournissaient de l'ingénierie et du support technique pour «la source d'énergie isotopique» du moteur du missile, alors que l'armée n'avait pas décrit l'accident comme impliquant du combustible nucléaire. Un communiqué de Rosatom cité par les médias russes a plus tard donné plus de détails sur le drame, précisant qu'il s'est déroulé sur une «plate-forme maritime» et que l'explosion a jeté plusieurs employés de Rosatom à la mer. «Les recherches ont continué tant qu'il restait de l'espoir de les retrouver vivants. Seulement après ça, nous avons fait état de la mort des cinq collaborateurs de Rosatom», a indiqué ce communiqué qui précise que les employés connaissait le «risque potentiel» qu'ils courraient.

«Brève hausse de la radioactivité» ?

Immédiatement après l'accident, le ministère de la Défense avait seulement indiqué que les faits s'étaient produits lors de l'essai d'un «moteur-fusée à ergols liquides» et fait état de deux «spécialistes morts des suites de leurs blessures» et six autres blessés. Il n'était pas clair samedi si les cinq morts évoqués par Rosatom incluaient aussi les «spécialistes» dont la mort a été annoncé par l'armée. Les autorités n'ont jusqu'à présent publié que peu de détails sur l'accident qui a touché une base du village de Nionoksa, ouverte en 1954 et spécialisée dans les essais de missiles de la flotte russe, notamment des missiles balistiques.

Si l'armée russe et un porte-parole du gouverneur régional ont déclaré jeudi qu'il «n'y a pas eu de contamination radioactive», la mairie de Severodvinsk, ville de 190.000 habitants à une trentaine de kilomètres de la base, avait assuré sur son site internet que ses capteurs avaient «enregistré une brève hausse de la radioactivité». Le post a ensuite été retiré du site internet de la mairie, qui n'a pas non plus précisé jusqu'à quel niveau était montée la radioactivité. Un responsable local de la défense civile, Valentin Magomedov, a lui déclaré à l'agence de presse TASS que le niveau de radiation était monté jusqu'à 2.0 microsievert par heure pendant trente minutes, la limite règlementaire d'exposition étant de 0,6 microsievert par heure.

Samedi, Greenpeace Russie a publié une lettre de responsables d'un centre de recherche nucléaire donnant le même chiffre, mais affirmant que les radiations ont duré au moins une heure, sans que cela présente de risques pour la santé selon les responsables. Les habitants de Severodvinsk se sont en tout cas rués dès vendredi sur les stocks d'iode et d'iodifères vendus en pharmacie. Selon Rosatom, les blessés sont soignés dans «un centre médical spécialisé». Le pire accident nucléaire de l'histoire a eu lieu en 1986 en Union soviétique, dans la centrale ukrainienne de Tchernobyl, les autorités ayant été accusées d'avoir cherché plusieurs semaines à cacher l'ampleur du désastre. (AFP)


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