Jets d`oeufs et pneus brûlés: les chauffeurs de taxis crient leur colère

  26 Janvier 2016    Lu: 1342
Jets d`oeufs et pneus brûlés: les chauffeurs de taxis crient leur colère
Pneus brûlés, jets d`oeufs, opérations escargot: 1.500 chauffeurs de taxis franciliens crient mardi leur colère contre la concurrence des véhicules de transport avec chauffeur (VTC), se disant «endetté(s) jusqu`au trognon» et craignant de finir «au bout d`une corde».
Mobilisés en divers endroits de l`Ile-de-France, à Bercy à à Orly, Roissy ou encore à la Porte Maillot, dans l`ouest parisien, les taxis ont entrepris de bloquer la circulation, soutenus par des collègues espagnols, belges ou suisses.

«Je suis taxi», «stop macronisation», «Macron démission», «Terrorisme économique», «Macron-Uber complices», «Loi non appliquée», «Halte à la déréglementation»: partout les slogans ciblent la loi Macron, du nom du ministre de l`Economie.

Aéroport d`Orly, le jour n`est pas encore levé, mais l`ambiance déjà tendue. Quelques dizaines de manifestants ont installé des plots sur l`A106, pour mettre en place un barrage filtrant et ne laisser passer que les taxis en grève. Les autres voitures doivent s`arrêter.

Mais «sous l`effet de la panique», selon ses dires, un chauffeur de navette accélère et renverse un des manifestants, le blessant à une jambe. Les manifestants s`en prennent alors au mini-bus et forcent ses passagers à en descendre. Le conducteur de la navette a, lui, été interpellé.

A la Porte Maillot, l`ambiance est aussi électrique. Plusieurs dizaines de chauffeurs de taxis veulent «s`occuper du périph» et le bloquent par intermittence. Descendus à pied sur les voies, certains ont mis le feu à des pneus, mais sont rapidement évacués par les CRS.

Plusieurs manifestants sont interpellés, dont certains Porte de la Chapelle où des chauffeurs de taxis ont tenté d`occuper les voies.

A Roissy, la plupart des chauffeurs rassemblée depuis le petit matin a entrepris une opération escargot sur l`A1 en direction de Paris.

Sur le chemin, certains se mettent à la recherche de VTC. Une berline noire essuie des jets d`oeufs et des coups de pieds dans les portières, rapporte un journaliste de l`AFP.

A Bercy, plus d`une centaine de taxis, venus de Paris, Marseille, Bordeaux ou même Genève stationnent devant le ministère de l`Economie et des Finances.

«Avant, j`avais 10 ou 12 courses par jour, aujourd`hui je n`en ai que cinq ou six», affirme à l`AFP Rahim Edalat, taxi parisien depuis 20 ans. C`est «la pire année que j`ai jamais vue». La licence qu`il a achetée en 2012 à 238.500 euros n`en vaut plus que 162.000 aujourd`hui, selon lui.

«On n`arrive plus à vivre du taxi, on a perdu 50% de notre chiffre d`affaires et dans quatre ou cinq ans la licence ne vaudra plus rien du tout car personne ne voudra plus faire taxi alors qu`on peut faire VTC sans que cela coûte rien», explique Djillali Ouantouf, du syndicat de défense des conducteurs du taxi parisien (SDCTP) et chauffeur depuis 1993.

A Roissy, Djelloul, chauffeur depuis 20 ans confie qu`«il y a des drames dans le taxi. Des suicides». «Il y a quelques jour un collègue est mort ici dans sa voiture, il a fait une crise cardiaque. Un autre s`est retrouvé au bout d`une corde», explique-t-il.

Même discours du côté d`une conductrice de 50 ans, reconvertie artisan taxi il y a quatre ans, et qui se présente comme «Mme Jadid». Elle dit être «endettée jusqu`au trognon pour payer les 225.000 euros» de sa licence et au final «n`avoir plus de vie».

«Je me lève à 4 heures et rentre à 20 heures, mais je ne fais pas 15 heures de courses, je tourne autour de 30 euros par jour une fois que j`ai tout payé, même pas le Smic», détaille-t-elle, accusant Emmanuel Macron d`assister «passivement au génocide des taxis».

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