Oncle Picsou serait-il satisfait ? Peut-être. C'est en tout cas au château de Versailles que le « canard le plus riche du monde » de Walt Disney pourrait arrondir son imposante fortune avec un nouveau tas de pièces. L'aventure survenue à un bûcheron du château de Versailles, voici une huitaine de jours, fait croire à cette fable.
Ce professionnel est chargé d'élaguer une branche gênante d'un arbre du côté de l'allée de Fontenay, à deux pas de l'Étoile Royale. Soudain, il voit tomber quelques pièces de monnaie. Pas de quoi se payer un voyage au bout du monde car ce ne sont quelques centimes d'euros. Mais, surpris, il prévient un gardien. « Elles provenaient sans doute d'un nid de pie mais l'oiseau n'a pas laissé de message pour dire combien de voyages il avait fait pour déposer autant de pièces sur cette branche. Moi, j'en ai compté exactement 1 131 », s'amuse Frédéric, ce surveillant du domaine qui, en revanche, n'a pas calculé à combien s'élevait le montant du pactole.
Penchants cleptomanes
L'anecdote n'arrangera pas la réputation des pies, célèbres pour leurs penchants cleptomanes. Selon Kim Dallet, de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), « il est très possible » qu'elles soient effectivement à l'origine de cet amoncellement de monnaie. « Sans qu'on sache pourquoi, la pie bavarde adore rapporter des objets à son nid, confirme-t-elle. Ce n'est pas rare car elle est très curieuse. »
Dans le parc du château de Versailles fréquenté par des millions de touristes chaque année, les fontaines regorgent de pièces rouges lancées par les visiteurs dans l'espoir de voir un vœu s'accomplir : un butin de choix pour les pies du site historique… Cependant, rappelle Kim Dallet, une étude anglaise a prouvé que les pies ne sont pas particulièrement attirées par les objets brillants, contrairement à un mythe persistant. Ainsi, bien qu'elles comptent parmi « les plus intelligents des oiseaux », elles ignorent tout, à ne pas en douter, de la valeur de leur magot !
Les taupes aussi
Cette histoire de « trésor » à Versailles en réveille d'autres. Comme celle que raconte dans son bureau Alain Baraton, le jardinier en chef du domaine, en exhibant une pièce de 5 francs datant de 1854 avec un portrait de Louis-Philippe. « C'est notre taupier qui l'a trouvé, il y a quelques mois, dans un trou où il pensait piéger l'animal. La taupe n'y était pas mais la pièce, oui », conte le médiatique jardinier.
Alain Baraton se souvient d'une vieille anecdote qu'on lui a maintes fois racontée. « Dans les années 1970, les stations-service faisaient gagner des pièces quand on faisait le plein. Un petit malin est venu dans les jardins pour les cacher dans les taupières. Et puis, le gars se promenait à côté, s'arrêtait pour en récupérer une dans chaque trou et criait : j'ai trouvé une pièce précieuse, regardez ! Tout le monde se précipitait évidemment. Et lui vendait aussitôt cette pacotille aux curieux contre… du vrai argent », rigole-t-il.
Le 14 juin, une autre histoire aurait pu mal tourner. Un enfant et son grand-père ont décidé de repêcher des objets précieux, à condition d'en trouver, dans le Grand Canal. Le duo utilise un aimant attaché au bout d'une corde. Celui-ci est jeté à l'eau. Cette pêche un peu spéciale donne rapidement un résultat avec la remontée d'une… grenade. Voyant la munition, nos infortunés pêcheurs prennent peur. Ils alertent les militaires de Sentinelle qui font immédiatement appel aux démineurs. Les investigations de ces derniers montrent qu'il s'agit d'une grenade Mills de fabrication britannique et datant de la Seconde Guerre mondiale. Encore active, elle est détruite dans la foulée.
Alain Baraton en profite pour rappeler quelques règles de conduite dans un lieu comme le château. « Il est strictement interdit de fouiller dans un domaine national. Et puis, la notion de trésor est très relative. Si vous utilisez un détecteur à métaux et que vous découvrez quelque chose, ce n'est pas considéré comme un trésor car la découverte n'est pas fortuite mais intentionnelle. Le trésor suppose la surprise », assure le patron des jardins. Une notion dont se moquent bien les pies.
Source: Le Parisien
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