L'Inde a annulé ce lundi pour des raisons «techniques» le lancement dans l'espace de sa deuxième mission lunaire, 56 minutes avant l'heure prévue, reportant ainsi sine die son ambition de devenir la quatrième nation à réussir à poser un appareil sur la Lune. L'agence spatiale indienne (ISRO) prévoyait de lancer lundi à 02h51 heure locale (23h21 heure française dimanche) sa mission Chandrayaan-2 depuis le pas de tir de Sriharikota (sud-est de l'Inde).
«Un problème technique a été remarqué dans le système de lancement du véhicule à H-56» minutes, a écrit ISRO sur Twitter. «Par mesure de particulière précaution, le lancement de #Chandrayaan-2 a été annulé pour aujourd'hui. La date du prochain lancement sera annoncée ultérieurement», a ajouté la même source.
New Delhi a consacré 140 millions de dollars (124 millions d'euros) - un montant bien inférieur à ceux des autres grandes agences spatiales pour des missions de ce type - à cette expédition initialement destinée à poser le 6 septembre prochain un atterrisseur et un robot mobile au pôle sud du satellite naturel, situé à quelque 384.000 kilomètres de la Terre.
Chandrayaan-2 («Chariot lunaire» en hindi) était censé être composé d'un orbiteur, d'un atterrisseur et d'un rover, pour un poids total de 3,8 tonnes. L'ensemble aurait du être propulsé dans l'atmosphère par une fusée GSLV-MkIII, le plus puissant lanceur indien, équivalent d'une fusée européenne Ariane 4. La mission indienne s'inscrivait dans un contexte de regain d'intérêt international pour la Lune. L'Homme, qui l'a foulée pour la dernière fois en 1972, y prépare son retour. Le gouvernement américain a demandé à la Nasa d'y renvoyer des astronautes pour 2024.
Le retour sur la Lune est vu comme une étape incontournable de la préparation de vols habités vers des destinations plus lointaines, au premier plan desquelles la planète Mars. Le projet Chandrayaan-2 est la deuxième mission lunaire du géant d'Asie du Sud, qui avait placé une sonde en orbite autour de la Lune au cours de la mission Chandrayaan-1 il y a onze ans.
Le programme spatial indien s'est fait remarquer ces dernières années par son alliage d'ambition et de sobriété budgétaire, avec des coûts opérationnels bien inférieurs à ceux de ses homologues, ainsi que sa progression au pas de charge. L'ISRO compte d'ici 2022 envoyer un équipage de trois astronautes dans l'espace, ce qui serait son premier vol habité. Ses scientifiques travaillent aussi à l'élaboration de sa propre station spatiale, attendue au cours de la prochaine décennie. (AFP)