« Si vous trouvez une meilleure voiture, achetez-la ». Lee Iacocca pointe son doigt vers le spectateur et lâche ce slogan, entré dans l’histoire des États-Unis, qui va faire bondir les ventes de Chrysler dans les années 80. Il est vrai que son concepteur est rien moins qu’une légende de l’industrie automobile : il a largement contribué au phénoménal succès de la légendaire Ford Mustang en 1964 - vendue depuis à plus de 10 millions d’exemplaires - et a sauvé Chrysler de la faillite. Lee Iacocca est décédé ce mardi à l’âge de 94 ans.
Il a commencé sa très longue carrière dans l’automobile en 1946 chez Ford, d’abord comme ingénieur, puis dans les équipes de vente et marketing.
C’est là que son talent pour la promotion a pu donner toute sa mesure, avec une première campagne au milieu des années 50 qui a rencontré tellement de succès qu’il a été remarqué par la direction et appelé à Dearborn, au siège de Ford.
Mais le pinacle de ce promoteur inlassable et talentueux aura peut-être été atteint en 2005 dans un spot publicitaire avec Snoop Dog, où le rappeur donne la réplique à un Lee Iacocca déjà vieillissant pour promouvoir Jeep et Chrysler.
Lee Iacocca avait déjà quitté la direction de Chrysler qu’il a sauvé de la faillite dans les années 80, après avoir été littéralement viré de la direction de Ford par Henry Ford II en 1978, malgré d’excellents résultats mais avec la réputation d’avoir intrigué sans relâche pour arriver au sommet.
En 1992, dans une interview, interrogé sur sa réputation d’intriguant Machiavel, il a lancé dans son style rugueux : « Machiavel, mes fesses ».
Son sauvetage de Chrysler, en tordant le bras au Congrès pour avoir un prêt, l’a placé au firmament de l’industrie automobile mondiale. Sous sa houlette, Chrysler a inventé le « minivan » et plus tard le SUV.
Ses positions férocement anti-japonaises, dont il estimait que les pratiques commerciales tuaient les emplois américains - un discours qui n’est pas sans écho aujourd’hui dans la bouche de Donald Trump à l’encontre de la Chine - lui ont un temps valu le soutien des syndicats et des démocrates.
« La Dépression a fait de moi un matérialiste »
Mais les milliers de licenciements auxquels il a procédé à la fin des années 80 pour sauver une nouvelle fois Chrysler, ont retourné la gauche américaine contre lui.
Il a quitté l’entreprise au début des années 90 mais a tenté de la racheter plus tard en lançant une OPA hostile avec le milliardaire Kirk Kerkorian. Elle a finalement échoué.
Il avait reconnu avoir été marqué par la Grande dépression au début des années 30 quand sa famille - des immigrants italiens - avait tout perdu.
« La Dépression a fait de moi un matérialiste. Je chassais l’argent », avait déclaré celui qui avait accepté d’être payé un dollar au moment du sauvetage de Chrysler mais avait ensuite été vilipendé pour son salaire énorme à l’époque.
Ouest-France
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