Malgré les assauts de Trump, la Fed laisse les taux inchangés

  02 Mai 2019    Lu: 658
Malgré les assauts de Trump, la Fed laisse les taux inchangés

Faisant fi des assauts du président Trump qui plaide pour faire accélérer l'économie en baissant les taux, la Banque centrale américaine (Fed) a, de façon unanime, maintenu mercredi ses taux d'intérêt inchangés et réitéré son attitude de «patience», face à une croissance «solide» de l'économie, mais une inflation «en déclin».

Les taux d'intérêt au jour le jour dans la fourchette restent fixés entre 2,25% et 2,50%.

Le communiqué du Comité monétaire (FOMC) dresse un tableau contrasté, mais plutôt positif de la première économie mondiale, signalant le «fort» marché de l'emploi et la progression «à un rythme solide» de l'activité économique.

La croissance du 1er trimestre a en effet surpris de nombreux analystes, grimpant à 3,2% en rythme annuel.

La Fed note cependant que les dépenses de consommation des ménages comme les investissements des entreprises ont «ralenti» au 1er trimestre et surtout que l'inflation a «décliné».

Pour la première fois depuis plusieurs mois, elle admet clairement que la hausse des prix se situe «sous les 2%», la cible qu'elle considère idéale pour l'économie.

L'indice des prix sur les dépenses de consommation PCE s'est établi en mars à 1,5% et à 1,6%, hors prix alimentaires et énergétiques.

Ce faible niveau d'inflation pousse certains économistes et le président Donald Trump à argumenter en faveur d'une baisse des taux d'intérêt.

Mercredi, la Fed a néanmoins réduit de cinq points de base son taux de rémunération des réserves qui est passé de 2,40% à 2,35%.

Globalement, la Banque centrale a réitéré qu'elle serait «patiente» dans la détermination «des futurs ajustements» des taux, surveillant l'évolution de l'inflation et les développements économiques mondiaux.

La Fed continue de penser que l'évolution «la plus probable» de l'économie américaine sera marquée par «une expansion soutenue», des conditions «solides» du marché du travail et une inflation «proche», mais «symétrique» de l'inflation, c'est-à-dire qu'elle tolère qu'elle soit un peu au-dessous ou au-dessus de la cible de 2%.

Ce troisième rendez-vous monétaire de l'année s'est tenu sous la pression constante de la Maison-Blanche, le président Trump tweetant mardi en pleine réunion du Comité monétaire en faveur d'une réduction substantielle des taux d'intérêt.

«Nous avons le potentiel de décoller comme une fusée si on abaissait les taux, d'un point (de pourcentage) par exemple», a lancé le président.

Il a aussi reproché à la Banque centrale d'avoir «constamment» relevé les taux malgré l'inflation basse, faisant référence aux quatre tours de vis d'un quart de point de pourcentage (0,25%) effectués par la Fed en 2018 pour éviter la surchauffe d'une économie stimulée par ses réductions d'impôts.

Mais pour le président Trump et certains économistes, l'inflation très faible autorise une politique monétaire encore plus laxiste.

Dans l'immédiat, la Fed s'en est tenue à son attitude de «patience» prônée depuis mars: attentifs au ralentissement de la croissance mondiale et à la faible hausse des prix, les membres du Comité monétaire ont soudainement exclu tout relèvement des taux cette année. Des taux plus hauts sont traditionnellement un outil pour juguler toute velléité d'inflation, ennemie numéro un de la progression du niveau de vie.

Depuis cette pause sur les hausses de taux, le marché boursier a retrouvé des niveaux records.

Le taux de chômage, qui est passé de 4,8% au début du mandat de Donald Trump à 3,8% aujourd'hui, devrait lors de la publication vendredi des chiffres de l'emploi pour avril, se maintenir à ce niveau, le plus bas depuis presque cinquante ans, selon les analystes.

Si le curseur de la politique monétaire est «au bon endroit», selon une expression que Jerome Powell devrait répéter en conférence de presse mercredi, certains économistes n'excluent pas que la Fed soit contrainte de lâcher à nouveau du lest dans les mois qui viennent, voire en 2020, si l'économie mondiale ralentit.

Mais ces dernières semaines, les craintes de la perspective d'une récession se sont un peu évaporées, alors que l'économie va atteindre fin juin le seuil symbolique de la plus longue expansion économique de l'histoire américaine contemporaine.

Le président Donald Trump assure en tout cas, à l'approche de la campagne pour l'élection présidentielle de 2020, que la Fed bride le potentiel économique et il veut nommer des alliés politiques aux deux derniers postes vacants de gouverneurs au sein du directoire de la Fed.

Si l'un de ses candidats a été écarté, un autre, Stephen Moore, un commentateur économique à la personnalité controversée pour ses commentaires misogynes et ses avis économiques fluctuants, est encore en lice. C'est toutefois au Sénat, à la majorité républicaine étroite, de valider les choix du président en la matière.

AFP


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