Changer la structure de son cerveau en une heure, c'est possible

  23 Avril 2019    Lu: 750
Changer la structure de son cerveau en une heure, c

D'après des chercheurs brésiliens, une heure de "neurofeedback", une technique permettant d'entraîner le cerveau à mieux se réguler, pourrait suffire à changer sa façon de fonctionner. 

"Neurofeedback". Voilà quelques années que ce mot revient de plus en plus régulièrement dans les revues scientifiques. Cette technique, qui permet d’entraîner progressivement le cerveau à mieux se réguler, permet de renforcer le rendement des processus cognitifs afin d’améliorer l’attention, la mémoire ou encore l’apprentissage. Et, d’après une étude parue dans le journal Neuroimage, une seule heure suffirait pour altérer la structure du cerveau en changeant sa façon de fonctionner. Une heure contre des années de thérapie.

Pour en arriver à cette réjouissante nouvelle, des chercheurs brésiliens ont fait porter des chapeaux à électrodes aux participants de leur étude. Ceux-ci se servaient d’une technique d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle pour mesurer l’activité cérébrale en temps réel. Les scientifiques ont ensuite demandé aux participants d’essayer d’activer leur réseau sensori-moteur cérébral en imaginant qu’ils tapaient leurs doigts alors qu’ils ne bougeaient pas. Sur ordinateur, des indices visuels indiquaient quand les régions cérébrales voulues étaient activées.

Conclusion : après une heure seulement de neurofeedback, les chercheurs ont observé des changements notables dans la structure de la substance blanche dans le réseau sensori-moteur. La substance blanche est une catégorie de tissu du système nerveux central qui relie différentes aires de la substance grise où se situent les corps cellulaires des neurones. Les altérations de sa structure affectent les modèles de communication autour du cerveau plus connus sous le nom de connectivité fonctionnelle. 

Permettre aux victimes d’attaques de recouvrir leurs capacités motrices

Dans le détail, les chercheurs ont observé des changements plus importants au niveau du corps calleux qui connecte les hémisphères droit et gauche du cerveau. Les données de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle ont également montré que la connection était renforcée dans cette région, signifiant que les participants de l’étude arrivaient mieux à contrôler cette partie de leur cerveau.

"Le neurofeedback peut être considéré comme un outil puissant pour provoquer des changements cérébraux à une vitesse record. Désormais, notre but est de mener de nouvelles études pour voir si les patients souffrant de dommages neurologiques peuvent également en bénéficier", note Fernanda Tovar Moll en charge de l’étude.

Ainsi, en améliorant les connexions structurelles et fonctionnelles du réseau sensori-moteur, il serait peut-être possible d’aider les gens qui ont souffert d’attaques à regagner leurs capacités motrices, espèrent les chercheurs. Avant d’en arriver là, de plus amples recherches doivent toutefois encore avoir lieu sur le neurofeedback.

Une technique de plus en plus utilisée dans le cadre de la thérapie 

Cette technique a été mise au point à la fin des années 50 par deux docteurs américains, Joe Kamiya et Barry Sterman. Alors qu’ils travaillaient sur un projet pour la NASA, les deux scientifiques ont utilisé le neurofeedback afin d’améliorer l’adaptation du cerveau des astronautes à l’atmosphère extérieure. Ils ont ensuite à nouveau utilisé cette approche pour réduire les convulsions chez les patients souffrant d’épilepsie, avec des résultats efficaces jusqu’à 60%.

Officiellement approuvé par des spécialistes en 2008, le neurofeedback est aujourd'hui de plus en plus utilisé dans les pays occidentaux en thérapie, dans le cadre de la psychologie clinique et des neurosciences. Si les professionnels utilisent des instruments précis pour mesurer l’activité des ondes cérébrales de leurs patients afin de montrer les modifications physiologiques souhaitées, à terme, le but est de reproduire ces changements sans avoir recours à un appareil.

Par Raphaëlle de Tappie | Pourquoi docteur ?


Tags: cerveau  


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