La plupart du temps, le doute est un formidable moteur de progrès. Il n'y a qu'en questionnant ses idées, ses actions et ses compétences, en ayant un regard critique sur soi-même et ses accomplissements que l'on peut s'améliorer en palliant à ses faiblesses. C'est aussi sain qu'indispensable. Mais comme toute chose, point trop n'en faut. Le manque de confiance en soi peut devenir un véritable frein professionnel, qui vous empêche d'être au maximum de vos capacités, de saisir les opportunités appropriées ou de viser plus haut. Et cette remise en question maladive, si elle est permanente, porte un nom : le syndrome de l'imposteur.
"Le syndrome de l'imposteur est un phénomène qui touche les personnes très performantes qui n'ont jamais l'impression de réussir, qui croient que leurs accomplissements sont dus au hasard ou à la chance, et qui ont peur qu'on les 'démasque'", explique la psychothérapeute Karen R. Koenig dans une interview au site Bustle. Le syndrome de l'imposteur fait ses victimes parmi les perfectionnistes, travailleurs à l'extrême et toujours insatisfaits d'eux-mêmes. Sans surprise, cette remise en question excessive touche une écrasante majorité de femmes, qui ont plus tendance à manquer de confiance en elles et à systématiquement remettre en question leurs compétences. Le syndrome a d'ailleurs été identifié dans les années 70 par Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, professeurs de psychologie à l'université de Georgie aux Etats-Unis lors d'une recherche réalisée auprès des femmes cadres dirigeantes : elles voulaient comprendre pourquoi certaines cadres professionnelles se montraient incapables d'assumer leur réussite.
"Cela concerne des personnes qui manquent beaucoup de confiance en elles et n'ont jamais la sensation de réussir ou de faire quelque chose de bien, même quand c'est le cas. Elles sont très critiques vis-à-vis d'elles-mêmes, et n'arrivent pas à accepter les choses positives qu'elles accomplissent. Elles peuvent avoir peur d'être renvoyées parce qu'elles font mal leur travail, même si on les couvre de retours élogieux et appréciateurs, et elles craignent en permanence que leurs supérieurs se rendent compte qu'elles sont incompétentes", poursuit Koenig. Et le stress qu'elles s'infligent est tel qu'elles vont parfois jusqu'à s'auto-saboter : elles peuvent finir par créer des situations qui valident leurs sentiments, en se mettant en situation d'échec, en multipliant les erreurs, en démissionnant... ce qui contribue à alimenter leur syndrome, qui à long terme, peut aussi être à l'origine d'épuisement professionnel ou de dépression. Ce n'est donc pas quelque chose à prendre à la légère ; et pour rompre ce cercle vicieux, il faut d'abord pouvoir détecter ce syndrome. Voici 8 signes qui ne trompent pas.
1- Vous avez peur d'être "démasquée"
Si vous êtes toujours persuadée de n'être qu'un vilain petit canard déguisé en cygne, et que vous avez une peur panique qu'un jour quelqu'un découvre votre "vrai " visage -c'est-à-dire votre soi-disant incompétence, il est très probable que vous souffriez d'un syndrome de l'imposteur Malgré leurs succès, les personnes visées par ce syndrome sont convaincues qu'elles trompent leur monde, qu'elles sont illégitimes. Même sous une avalanche de compliments de la part de son patron, "l'imposteur" continuera à croire qu'il n'est pas assez bien pour son job, qu'il va être remplacé... Et ce, au prix d'un stress incontrôlable et d'un profond mal-être.
2- Vous vous infligez une pression démesurée
Pour un "imposteur", chaque tâche, même les plus insignifiantes, prennent une importance vitale. Il peut passer des heures à finaliser un PowerPoint pour une simple réunion de routine avec son équipe, à réorganiser ses dossiers ou à réécrire un mail. Et il en va de même dans sa vie privée : il est capable de se fustiger pendant des heures s'il oublie de passer au pressing ou s'il fait légèrement brûler le dessus de sa pizza maison. En fait, c'est là tout le danger du syndrome : vous vous fixez des standards de vie complètement irréalistes et inatteignables, qui ne laissent pas la place à la moindre erreur. Et vous vivez donc dans un état de stress perpétuel à cause du décalage entre vos repères utopiques et le chaotique brouillon de la réalité.
3- Vous vous sabordez
A force de ressasser obsessivement ses doutes sur ses aptitudes au travail, "l'imposteur" finit par provoquer des situations qui lui donnent raison. Sa perception distordue de la réalité vient colorer ses actions : il s'auto-limitez inconsciemment, jusqu'à en gâcher ses compétences. Et il alimente ainsi son syndrome de l'imposteur, sans se rendre compte que c'est parce qu'il y a cru qu'il a échoué.
4- Vous vous dénigrez en permanence
Enfermée dans un cercle vicieux de décrédibilisation et de détestation de vous-même, vous êtes devenue votre pire ennemie. Qu'il faille affronter un échec ou célébrer une victoire, votre mantra demeure le même : vous n'avez pas été assez bonne, vous n'avez aucun talent pour votre travail, vous avez seulement eu de la chance... Vous ne vous sentez jamais à la hauteur et vous ne vous laissez rien passer. Pas besoin de patron tyrannique lorsqu'on est atteint d'un syndrome de l'imposteur : on s'occupe soi-même de s'humilier et de se descendre sans raison...
5- Vous manquez de confiance en vous
Tout le monde pense que vous faites un travail extraordinaire... sauf vous. "L'imposteur" peut perdre confiance en ses idées en pleine réunion, parce qu'en les exposant face aux autres, il a soudainement la sensation qu'elles ne valent rien, il abandonne des projets qui lui tenaient à coeur en cours parce qu'il n'arrive pas à demeurer persuadé de leur pertinence, il s'énerve contre lui devant ses collègues... Et dans le monde du travail actuel, qui exige de l'audace et un sens de l'innovation abouti, ce manque de confiance typique des "imposteurs" peut devenir un véritable handicap : il est difficile de suivre quelqu'un qui se tire systématiquement une balle dans le pied avant le départ de la course !
6- Vous pensez que tout le monde pourrait faire votre travail
Même si c'est l'un des seuls -et des meilleurs !- experts dans son domaine, "l'imposteur" croit dur comme fer que n'importe qui pourrait faire ce qu'il fait. C'est encore une autre manière d'alimenter inconsciemment son syndrome : il se dénigre en niant tous ses talents et en banalisant ce qu'il accomplit comme si c'était à la portée de tous les enfants de 5 ans. Il refuse de voir que personne n'a ses compétences, sa personnalité et ses idées, tant il est focalisé sur son sentiment de "fraude" vis-à-vis des autres.
7- Vous ne savez pas accepter un compliment
Il est toujours gênant de recevoir un compliment, mais si vous êtes atteinte du syndrome de l'imposteur, il est possible que vous en soyez tout simplement incapable. Et ce n'est pas de la fausse modestie : lorsque quelqu'un vous félicite, vous rejetez l'éloge avec scepticisme, voire avec violence. Vous ne parvenez absolument pas à le prendre en considération ou à l'accepter. A la place, vous pensez systématiquement que l'on se moque de vous, qu'on vous ment pour vous faire plaisir ou pire encore, que la personne est tombée dans le panneau de votre "fausse" compétence. Vous portez un regard tellement négatif sur vous-même que vous le prêtez maintenant aux autres, et êtes devenue incapable d'accorder du crédit aux jugements des autres sur vous -votre chef compris.
8- Vous êtes devenue très perfectionniste
"L'imposteur " travaille de manière obsessive et effrénée : il arrive une heure avant tout le monde, repart deux heures après, passe (ou perd) beaucoup de temps à vérifier trois fois d'affilée la moindre de ses actions, pour être sûr de n'avoir rien laissé passer. Ce type de comportement au travail, motivé par un sentiment d'infériorité et d'insatisfaction personnelle, n'est pas anodin, puisque cela en fait la victime idéale des burn-outs ou des dépressions nerveuses.
Source: Terrafemina
Tags: travail