Terrorisme international: l`Europe doit se préparer à une nouvelle ère

  20 Janvier 2016    Lu: 399
Terrorisme international: l`Europe doit se préparer à une nouvelle ère
Avec le développement du terrorisme international, l`Europe doit se préparer à gérer des "champs nouveaux" de la géopolitique, dont la question des réfugiés, qui affectent désormais jusqu`à la sphère économique et sociale des pays européens, selon Jean Pisani-Ferry, Commissaire général de France Stratégie.
Cette démarche est d`autant plus nécessaire que les pays européens n`étaient pas, jusqu`à récemment, préparés à ces défis, vu "un certain nombre de sujets qui étaient pris en charge par les Etats-Unies d`Amérique", a déclaré le patron du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie-rattaché au Premier ministère français).

Pisani-Ferry s`exprimait sur le récent rapport produit par ses services, "Quelle France dans 10 ans ?", dans le cadre d`un séminaire organisé, lundi à Tunis, par l`Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES-rattaché à la Présidence de la République), en présence d`un nombre restreint de journalistes, dont le correspondant de Anadolu.

"Nous devons (...) adapter notre manière de réfléchir à un monde dans lequel on ne peut plus séparer, comme on le faisait, l`économique et social d`un côté, le géopolitique de l`autre", a déclaré Pisani-Ferry, en réponse à une question d`Anadolu sur les perspectives d`évolution de l`opération française Barkhane, déployée dans le Sahel.

Cette séparation était notamment justifiée par le fait que "le monde dans lequel nous avions l`habitude de travailler (..) bougeait lentement et le point de contact avec la sphère économique et sociale était limité", a-t-il poursuivi.

Définie comme "la science ayant pour objet les changements des sociétés dans un avenir prévisible", la prospective qui évoluait, pendant des décennies, séparément des questions géopolitiques, devrait intégrer la dimension "des aléas", comme le terrorisme international, défini comme "un risque géopolitique".

"Aujourd`hui, le risque géopolitique devient un élément à prendre en compte dans le prospective. Nous n`y sommes pas très bien préparés donc il faut qu`on apprenne de nouveau à travailler avec les spécialistes de ces domaines [sécuritaires]. Pendant des décennies, on évoluait dans des sphères séparées. Aujourd`hui, il faut qu`on travaille ensemble", a préconisé Pisani-Ferry.

Pour preuve de ce manque de préparation, une gestion, non sans quelques difficultés de dizaines de milliers de réfugiés syriens (en Europe) fuyant la guerre dans leur pays.

"Personne n`avait vu venir la question des réfugiés. C`est une (..) interaction entre notre environnement immédiat et des choses qui se passent [dans la sphère géopolitique] qui nous a surprise. Ce sont des champs nouveaux sur lesquels il faut travailler", a ainsi précisé Pisani-Ferry, par ailleurs professeur d`économie et de politique publique à l`Hertie School of Governance, à Berlin.

La gestion de la question des réfugiés fait ainsi appel, notamment, au facteur "des ressources qu`il faut mobiliser pour répondre aux questions géopolitiques", lequel facteur relève de ressorts internes impliquant la société, ses institutions et son évolution. La même problématique se manifeste aussi dans l`opportunité des interventions extérieures. Elle nécessite d`autant plus "une réinvention de la méthode de travail" que l`engagement européen faisait défaut dans nombre de domaines.

"[Ces] sujets étaient à un certain moment pris en charge par les Etats-Unis. Des pays européens avaient beaucoup moins souvent recours aux interventions directes (...) la conscience de la responsabilité de ce qui touchait à leur rôle régional faisait défaut. Il faut qu`ils réapprennent à se poser la question de savoir comment vont évoluer les pays de leur environnement", a poursuivi l`officiel français.

Cette "prise en charge" américaine aurait toutefois trouvé une nouvelle modalité, selon nombre d`observateurs, qui voient dans le Sommet de l`Alliance de l`Atlantique Nord (OTAN) de novembre 2010, une consécration d`un "nouveau concept stratégique".

Alors que ce dernier est justifié dans le texte de sa déclaration finale, par la recherche d`un "meilleur rapport coût-efficacité", le concept d` "une Alliance apte à défendre ses pays membres contre toute la gamme des menaces, capable de gérer les crises les plus difficiles", consacrerait selon ces observateurs, "une nouvelle prise en charge américaine des crises dans le monde, par alliés interposés". L`implication de l`Elysée dans la lutte contre le groupe nigérian Boko Haram, avec un "Sommet de Paris pour la sécurité au Nigéria" (pays anglophone), en mai 2014, avec la participation de l`ancien Président nigérian Goodluck Jonathan, témoignerait de cette tendance.

Tags:


Fil d'info