«Je m'inquiète personnellement de la notion selon laquelle la solidité de l'Otan pourrait être conditionnée au fait que les alliés achètent tel ou tel équipement», a déclaré Florence Parly.
Elle prononçait un discours à l'Atlantic Council, un centre de réflexion de la capitale américaine, avant une rencontre avec son homologue Patrick Shanahan au Pentagone, qui devrait notamment être consacrée à la participation française à la force internationale que les Etats-Unis veulent maintenir dans le nord-est syrien pour y éviter une résurgence du groupe Etat islamique (EI). Adressant une pique au président Donald Trump sans le nommer, Florence Parly a ajouté que «quand les Européens ont entendu, en juillet dernier à l'Otan, que si leurs dépenses militaires n'atteignaient pas 2% du PIB, les Etats-Unis +suivraient leur propre chemin+, ils n'ont pas été rassurés».
Le président des Etats-Unis Donald Trump a consterné ses alliés de l'Otan en juillet 2018 en leur demandant de faire passer, à terme, leurs dépenses de défense à 4% de leur PIB. «L'Alliance devrait être inconditionnelle, ou alors ce n'est pas une alliance. La clause de solidarité de l'Otan s'appelle Article 5, pas l'article F-35», a ajouté la ministre française en allusion au nouvel avion furtif de l'armée américaine que les Etats-Unis voudraient voir les Européens acheter, au détriment d'appareils fabriqués en Europe. C'est à cause de cette nouvelle incertitude que les Européens «ont commencé à se préparer, au cas où», a-t-elle ajouté, avant de défendre l'initiative de défense européenne qui fait grincer des dents à Washington.
La ministre française s'est gardée de s'engager sur la présence de militaires français en Syrie: «Nous étudions avec attention l'offre récente des Etats-Unis de maintenir une présence résiduelle américaine, en coopération avec quelques partenaires étrangers». Mais là encore, «pour l'instant, nous n'avons pas de certitude», a-t-elle précisé au cours d'une conférence de presse, ajoutant vouloir en discuter de façon plus approfondie avec Patrick Shanahan.
Le Figaro