Avec Pegida, le discours xénophobe refait surface en Allemagne

  20 Octobre 2015    Lu: 489
Avec Pegida, le discours xénophobe refait surface en Allemagne
20 000 personnes ont défilé lundi à Dresde (Allemagne) avec le mouvement xénophobe, alors que la question des réfugiés agite le débat public. Autant de contre-manifestants leur ont donné la réplique.
Il y a eu 15 000 à 20 000 manifestants pro-Pegida dans les rues de Dresde lundi soir, et autant contre. Une personne a été gravement blessée, malgré la présence d’un impressionnant dispositif policier pour séparer les deux camps… La question des réfugiés enflamme le débat politique en Allemagne, où le discours d’extrême droite –longtemps banni de l’espace public- se radicalise.

Chaque lundi depuis un an se réunissent à Dresde les «Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident» - «Pegida» - comme se fait appeler le mouvement lancé par un homme qui a eu maille à partir avec la justice, Lutz Bachmann. Le mouvement a atteint son apogée en janvier 2015, avec 25 000 manifestants pour ses traditionnelles «marches de protestations» du lundi soir. Avant de péricliter au printemps, à la suite de la division de ses chefs et de plusieurs affaires autour du fondateur. Mais le mouvement a trouvé un deuxième souffle avec le flux de réfugiés accueillis en Allemagne depuis début septembre.

Merkel en tenue nazie

Lundi soir, pour le premier anniversaire du mouvement, de nombreux drapeaux hongrois sont agités par la foule, en soutien à la politique d’exclusion de Budapest envers les migrants. «Oui à Orban ! La Hongrie nous montre la voie !», affirme une affiche. Plus loin, un écriteau montre Angela Merkel en tenue nazie: la croix gammée de l’uniforme a été remplacée par le symbole de l’euro. «Traîtres, traîtres !» ou «résistance, résistance !», braille la foule, essentiellement masculine, dès que Bachmann cite un politicien allemand.

Elle applaudit lorsque l’invité de la semaine, le sulfureux écrivain germano-turc Akif Pirinçci, se lance dans une diatribe de trente minutes pour condamner pêle-mêle l’islam, les homosexuels, la libération des femmes. «Il y aurait bien une autre solution. Mais les chambres à gaz sont malheureusement hors-service», lance-t-il à la foule. La semaine dernière, un manifestant avait défilé avec une potence en bois, au bout de laquelle pendaient deux cordes, l’une pour Angela Merkel, l’autre pour son vice-chancelier, le président du SPD Sigmar Gabriel.

Tout ce que l’Allemagne compte de démocrates s’inquiète d’une libéralisation du discours xénophobe et d’extrême droite, qui semble avoir libéré la parole d’une partie du camp conservateur. La CDU d’Angela Merkel a encore perdu des points dans les sondages, passée à 37% des intentions de vote contre 41% voici quelques semaines. Le petit parti populiste AfD, créé contre les plans de sauvetage de l’euro mais qui surfe désormais sur la vague migratoire, est crédité de 7% des intentions de vote, ce qui lui ouvrirait la porte du Bundestag.

Ces succès de la mouvance d’extrême droite semblent paralyser le camp démocrate. Samedi, la maire de Cologne, anciennement chargée de l’accueil des réfugiés dans la ville, a été agressée au couteau lors d’un meeting électoral. Grièvement blessée, elle a été élue dimanche. Mais moins de 50% des électeurs se sont rendus aux urnes, malgré l’agression.

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