Depuis la découverte en 1995 de 51 Pegasi b, la première planète extrasolaire, les méthodes des vitesses radiales et des transits ont permis de « trouver des planètes d’abord géantes, puis au fur et à mesure des progrès techniques ou dans le traitement des données, des planètes plus petites, jusqu’à atteindre des planètes de masses ou de rayons à peine plus grands que celle/celui de la Terre », souligne Anne-Marie Lagrange de l’Institut de planétologie et d’astrophysique de Grenoble.
Les observations les plus récentes ont aussi mis en lumière une diversité importante et inattendue de ces objets, signe d’une grande diversité dans leur processus de formation et d’évolution. Un bestiaire qui semble apparemment sans limites. En termes de masse, de taille, de distance à l’étoile parent, de structure interne et de composition des systèmes planétaires, « on trouve de tout, absolument de tout », précise Jean Schneider, astronome à l’observatoire de Paris et spécialiste français des exoplanètes (l'Encyclopédie des planètes extrasolaires, c’est lui).
Et ce n’est pas la dernière découverte d’une équipe des universités de Zurich et de Cambridge qui va contredire ce postulat. Ces astronomes ont découvert une planète qui renfermerait de grandes quantités de saphirs et de rubis. Mieux encore, cet objet, nommé HD219134 b, serait aussi un des trois candidats susceptibles de faire partie d’une nouvelle catégorie d’exoplanètes exotiques.
Une classification en perpétuelle évolution
Située à seulement 21 années-lumière de la Terre, cette planète évolue dans la constellation de Cassiopée. D'une masse presque cinq fois supérieure à celle de la Terre, il s'agit d'une « superterre », c’est-à-dire avec une structure interne tellurique ou rocheuse. Elle orbite très près de son étoile parent avec une période de révolution de seulement trois jours. Cependant, contrairement à la Terre, HD219134 b ne possède pas un noyau massif de fer, mais un cœur riche en calcium et en aluminium et « donc par conséquent en pierres précieuses », explique Caroline Dorn, astrophysicienne à l'université de Zurich et membre de l’équipe qui a découvert cette planète. Dit autrement, cette planète « pourrait être recouverte de saphirs et de rubis qui sont des oxydes d'aluminium ».
Après 55 Cancri e et WASP-47 e, il s’agit de la troisième planète découverte avec une composition et une structure interne aussi exotiques. Pour les chercheurs, on est en présence d’une nouvelle catégorie de superterres « formées à partir de condensats à haute température » et dont les membres « seraient bien plus courant que le montre les observations ».
Ces exoplanètes ont en commun de s’être formées dans des environnements très chauds, très proches de leur étoile parent où le calcium et l'aluminium sont les principaux constituants à côté du magnésium et du silicone. Dans ces conditions, ces éléments sont encore en phase gazeuse de sorte que les blocs de construction planétaires ont une composition complètement différente de ceux qui ont façonné les planètes telluriques du Système solaire dont la Terre et son cœur, principalement constitué de fer et de nickel. Ces deux éléments sont quasiment absents à proximité des étoiles.
Cette nouvelle catégorie d’exoplanètes augmente-t-elle les chances de découvrir des planètes habitables. Si l’on se fie à la vie telle que nous la concevons, la réponse est évidemment non. D’abord, parce qu’elles tournent très près de leur étoile et surtout, comme leur structure interne est très différente de la Terre, ce type de planètes ne peut pas générer de champ magnétique. À cela s’ajoute que les mécanismes de refroidissement et le fonctionnement de leur atmosphère sont également très différents de ceux de la Terre.
Source: Futura Sciences
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