"Le seul problème de notre économie, c'est la Fed", écrit le président américain dans un tweet, alors que la Fed a remonté la semaine dernière ses taux d'intérêt. "Ils ne sentent pas le marché, ils ne comprennent pas nécessairement les guerres commerciales", a-t-il ajouté.
Pour le président républicain, "la Fed est comme un joueur de golf puissant qui ne peut pas mettre la balle dans le trou car il manque de précision".
Ces critiques acérées contre la puissante institution, qui a pour double mission de maîtriser l'inflation et le plein emploi, sont publiées au moment où la Bourse de New York continue de reculer en cette veille de Noël, après avoir enregistré sa pire chute hebdomadaire depuis la crise financière de 2008.
Les marchés s'inquiètent de la perspective d'un ralentissement économique, des conséquences de la guerre commerciale, de la remontée des taux d'intérêt et, désormais, du blocage partiel des administrations à Washington ("shutdown") depuis samedi, et qui pourrait se prolonger jusqu'en janvier.
L'hôte de la Maison Blanche souffle une nouvelle fois le chaud alors que son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin s'est efforcé tout le weekend d'apaiser les esprits sur les conséquences du "shutdown", et a tenté de faire taire les informations selon lesquelles Donald Trump envisage de congédier le président de la Fed, Jerome Powell.
Lundi, M. Mnuchin tient une réunion téléphonique avec le groupe de travail sur les marchés financiers qu'il préside lui-même, pour discuter de "la coordination des efforts pour assurer des opérations de marchés normales" dans le contexte du "shutdown".
Ce groupe, créé en 1988 après le crash boursier d'octobre 1987 et utilisé pendant la crise de 2008, comprend les responsables de la Réserve fédérale (Banque centrale), des autorités boursières (Securities and exchange commission, Sec), des responsables des marchés des matières premières, ainsi que d'autres régulateurs financiers.
- "Activité robuste" -
Le ministre de Donald Trump, qui avait plutôt jusqu'alors la confiance du président, s'efforce de contenir la perte de sérénité des marchés, mettant en avant la bonne santé actuelle de l'économie américaine, qui devrait croître de quelque 3% cette année.
"Nous continuons de constater une forte croissance économique aux Etats-Unis, avec une activité robuste des consommateurs et des entreprises", a-t-il affirmé dimanche.
Mais l'annonce de la réunion d'un groupe associé à des crises, par le biais de son compte Twitter, qui plus est --selon des médias américains-- depuis son lieu de vacances au Mexique, semblait semer le trouble lundi sur la réalité de la conjoncture économique.
Concrètement, les marchés se demandent si la croissance de la première économie du monde ne serait pas en train de ralentir beaucoup plus vite que prévu.
La semaine dernière, le Comité monétaire de la Banque centrale avait un peu réduit sa projection de croissance américaine pour cette année, à 3% au lieu de 3,1% précédemment, et surtout pour 2019 à 2,3% contre 2,5%, emboîtant le pas du Fonds monétaire international (FMI), qui met en garde depuis des mois contre un ralentissement économique aux Etats-Unis à mesure que les effets positifs de la réforme fiscale vont s'estomper et que la guerre commerciale bat son plein.
- "Pas spécialement réconfortant" -
Fait très inhabituel, Steven Mnuchin a aussi dévoilé dimanche avoir eu des discussions individuelles avec les patrons des six principales banques des Etats-Unis.
Selon lui, Brian Moynihan (Bank of America), Michael Corbat (Citi), David Solomon (Goldman Sachs), Jamie Dimon (JP Morgan Chase), James Gorman (Morgan Stanley) et Tim Sloan (Wells Fargo) lui "ont confirmé avoir d'amples liquidités disponibles pour les prêts aux consommateurs, pour les opérations de marchés et pour toutes les autres opérations".
"Ce communiqué n'est toutefois pas très rassurant dans la mesure où les investisseurs ne s'étaient pas vraiment inquiétés ces derniers jours du fonctionnement des marchés, malgré les importantes chutes", a commenté Nick Bennenbroek, stratégiste chez Wells Fargo.
Donald Trump est d'autant plus irrité par la chute de Wall Street que l'économie était jusqu'alors l'atout majeur de son mandat.
L'annonce d'un ralentissement économique intervient en outre au moment où le 45e président des Etats-Unis n'est jamais paru aussi isolé.
AFP