"Quel sentiment quand le jour marqué dans son calendrier depuis dix ans arrive enfin", a écrit Dante Lauretta, chef de projet de la mission, sur Twitter lundi.
Osiris-Rex a voyagé plus de deux ans pour se rapprocher de Bennu, qui tourne autour du Soleil à une vitesse de 100.000 km/h et se trouve actuellement à 124 millions de km de la Terre. La petite sonde a freiné pour se stabiliser à sept kilomètres de l'astéroïde.
La Nasa a indiqué lundi avoir reçu un signal confirmant ce qu'elle appelle "l'arrivée", bien que la sonde ne doive pas toucher la surface avant la mi-2020.
"Nous sommes arrivés!" a annoncé un ingénieur de Lockheed Martin, qui a conçu et opère l'appareil, depuis le centre de contrôle de la mission à Littleton, dans le Colorado, en direct sur la chaîne de la Nasa.
Commence aujourd'hui une longue et méticuleuse phase d'observation. Osiris-Rex va photographier, analyser et cartographier Bennu sous tous les angles. L'an prochain, elle fera des descentes à 225 mètres d'altitude. La Nasa veut savoir où la surface est lisse et où sont les reliefs. Y a-t-il des pierres ou des roches plus grosses? Des poussières sont-elles en orbite autour du caillou, qui pourraient endommager la sonde? Quelles sont sa masse et sa gravité?
L'astéroïde n'est pas tout à fait sphérique, il est plus large que "haut", sa forme n'a pas la ronde régularité d'une planète. Il fait 493 mètres de diamètre, du même ordre de grandeur que le gratte-ciel One World Trade Center à New York.
A la mi-2020, Osiris-Rex se rapprochera doucement, "au rythme de marche d'un insecte", déploiera un bras articulé, et touchera cinq secondes la surface pour en aspirer au minimum 60 grammes de matériaux, et jusqu'à 2 kg.
Jamais un appareil n'est entré en orbite autour d'un astéroïde aussi petit. Les Japonais ont en ce moment une mission similaire avec la sonde Hayabusa2, sur Ryugu, un astéroïde six fois plus gros que Bennu. En 2010, la sonde Hayabusa avait rapporté des grains microscopiques de l'astéroïde Itokawa.
En 2023, Osiris-Rex reviendra sur Terre - avec à son bord, espère la Nasa, la plus grande masse d'échantillons spatiaux depuis que les astronautes sont revenus de la Lune un demi-siècle plus tôt.
- Témoin d'un temps révolu -
Pourquoi Bennu intéresse-t-il la Nasa?
Les astéroïdes sont comme des capsules témoins d'un temps révolu. Ils sont composés des matériaux originaux du système solaire, il y a quatre milliards et demi d'années, conservés dans une forme "pure", alors que sur Terre, les matériaux ont été depuis longtemps chauffés, fondus, transformés.
Il y avait 7.000 astéroïdes candidats en 2008, au moment de la sélection. Bennu était ni trop gros, ni trop petit, et contient des molécules de carbone, selon les observations réalisées par télescope.
"La mission veut trouver les corps les plus primitifs du système solaire, susceptibles de contenir des matériaux qui peuvent nous aider à comprendre comment les molécules organiques sont apparues sur Terre", dit à l'AFP Arlin Bartels, chef adjoint de la mission.
L'autre intérêt de la mission concerne la difficulté de "toucher" un corps céleste aussi petit. Le champ gravitationnel est infime - presque aussi faible que celui exercé par les photons du soleil, explique Michael Moreau, de l'équipe navigation. La première orbite se fera au ralenti et prendra 30 à 64 heures.
Enfin, il existe un risque faible (1 chance sur 2.800) que Bennu entre en collision avec la Terre entre 2175 et 2199: mieux comprendre sa composition et sa trajectoire peut aider à affiner le risque.
Après la collecte, Osiris-Rex reviendra vers la Terre. Là encore le voyage sera long, il faudra attendre que l'orbite solaire de la sonde croise celle de la Terre.
Mais la Nasa a déjà marqué son calendrier: l'atterrissage est prévu dans le désert de l'Utah le 24 septembre 2023.
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